Le confinement… Qu’est-ce qu’on fait ?

Afin de préparer cet apéro-philo, nous vous conseillons de prendre connaissance des informations ci-dessous :

1. Notre premier apéro philo virtuel en raison du confinement

En tout, notre confinement pourrait durer 6 à 8 semaines et de plus nous ne sommes pas à l’abri du fait que l’épidémie recommence dans les prochains mois…

Avec le collectif Ataraxia, nous avons décidé de faire une réunion en visioconférence le 21 avil prochain sur le thème : « La crise sanitaire peut-elle servir la cause climatique ? » avec en sous-titre « Le confinement… qu’est-ce qu’on fait ? »

Nous vous proposons de lancer un débat entre nous notamment sur les points suivants (mais cette liste reste complètement ouverte et vous pouvez la compléter à votre guise).

On pourrait par exemple réfléchir pour développer la solidarité entre nous : que pourrait-on faire pour plus s’entraider (en faisant notamment des courses alimentaires pour ses voisins, des personnes âgées ou encore handicappées, en prenant de leurs nouvelles, en aidant des écoliers, des collégiens, des lycéens, des migrants, des étrangers, des adultes, des voisins, des internautes, etc…).

On pourrait faire plus de réunions via internet pour avoir plus d’échanges, développer le lien social. On pourrait s’apprendre, pour ceux qui ont des difficultés à utiliser des logiciels comme Skype, Teams, Facetime, Slack, Zoom, Hangout, Teamviewer etc…

On pourrait réfléchir et trouver des ressources (sur la base du bénévolat) pour monter des plate-formes locales où, d’une part pourraient s’inscrire, les gens qui ont des besoins (courses, aides pour les écoliers, etc…) d’autre part, pourraient se proposer des bénévoles en fonction de leurs compétences, de leur temps et de leurs forces disponibles… sans compter une reprise des informations générales à la demande de ceux qui appellent…

On pourrait préparer l’après crise, en réfléchissant à une moindre consommation d’énergie notamment avec moins de déplacement quand c’est possible (notamment lancer des négociations dans les entreprises et autres institutions sur des accords de télétravail), donc au total moins de pollution…

On pourrait développer nos capacités de lecture, d’écriture (journaux de bord), de peinture, de musique, d’arts divers et variés (voir les initiatives sur internet de musique)…

On pourrait réfléchir aux moyens d’aider les enfants qui n’ont pas accès à internet (mais aussi tous les publics), notamment en leur prêtant ou encore en leur donnant de vieux ordinateurs recyclés…

On pourrait, d’une façon plus générale, passer plus de temps pour nous cultiver sous toutes les formes possibles (notamment échange et partage de l’information pour effectuer des visites virtuelles d’expositions, de musées, de lieux historiques, etc).

Nous pourrions lancer des pétitions (change.org), par exemple, pour demander aux chaines de TV de se transformer avec plus d’émissions culturelles, d’enseignements, de documentaires, d’informations scientifiques, ou encore pour demander plus de gouvernance mondiale, plus de gouvernance européenne, exiger plus d’indépendance des organisations mondiales comme l’OMS, renforcer le rôle politique du secrétaire général des Nations Unies, etc…

On pourrait aussi nous lancer dans plus de culture potagère là où on peut : chez soi, sur son balcon, sur sa terrasse, sur son terrain (voir l’exemple de « Happy Jardinet »)…

Cela pourrait être également pas mal d’organiser nos emplois du temps en nous donnant des règles de vie avec des horaires pour faire (notamment via internet) du sport régulièrement, soutenir et aider des jeunes ou des moins jeunes, nous renseigner, nous informer, grandir, etc…

Ce serait pas mal aussi de réfléchir à « fabriquer » moins de sur-interprétations notamment de type complotistes (ne pas vouloir à tout prix expliquer ce qui arrive, laisser le temps au temps s’agissant de trouver, éventuellement, les causalités de ce qui arrive, ne pas rendre tous les autres, les voisins, les politiques, les idéologues, les entrepreneurs, les syndicalistes, les administrations, les sachants, les étrangers, la terre entière, responsables en particulier de tous les maux, de tous nos maux)…

On pourrait réfléchir tous ensemble aux mécanismes qui nous bloquent dans nos débats d’idées, dans nos échanges, dans nos moyens d’écoute, de compréhension, d’explication, de partage, d’entraide…

Chacun d’entre nous pourrait réfléchir aux gestes permettant de faire moins de déchets (plastiques notamment) ou encore de limiter nos gaspillages en particulier alimentaires : par exemple utiliser les fanes de carottes, de radis pour faire un pistou ; utiliser les côtes de choufleur pour faire un plat gratiné comme les blettes ; laver les légumes pour pouvoir manger les épluchures, les cosses de petits pois, cuisiner les carcasses de volaille, de poisson, etc. Mais aussi faire des conserves, des confitures, notamment pour ceux qui ont un jardin. Manger les restes. Manger avant d’aller faire ses courses. Faire tremper dans l’eau ses légumes et salades fatiguées pour leur redonner tout leur croquant. Faire durer le pain en l’enrobant dans un torchon près d’une pomme. Utiliser des boites hermétiques en verre pour conserver aliments secs comme biscuits secs. Réfléchir aux gestes permettant de mieux conserver ses courses au frigo : mettre en haut le beurre et le fromage, puis en descendant les plats cuisinés viande et poissons, puis en dessous yaourts et fruits, puis, tout en bas, les légumes dans le bac à légumes… et sur le devant ce qui est le plus ancien pour le manger en premier lieu… Voir le site en cliquant sur le lien suivant :

https://www.fne.asso.fr/dossiers/gaspillage-alimentaire-d%C3%A9finition-enjeux-et-chiffres

Le collectif Ataraxia, le 31 mars 2020

2. Interview du secrétaire général des Nations Unies sur France 24/RFI, Antonio Guterres, sur la lutte mondiale contre le coronavirus


3. Après l’épidémie de Coronavirus, les Français rêvent d’un autre monde et d’une puissance européenne (sondage Viavoice pour Libération repris par Ouest France)

Lire l’article

4. LE BAROMETRE POLITIQUE VIAVOICE – LIBERATION : « CORONAVIRUS : QUEL MONDE D’APRES ? »

(Communication de l’institut Viavoice - avril 2020)

Face à la tragédie du coronavirus :

L’ASPIRATION MAJORITAIRE A UN AUTRE MONDE

L’avenir semblait dépourvu d’horizon. Avant le coronavirus, la France paraissait confier son sort aux rééquilibrages des municipales, voire d’une présidentielle globalement attendue avec circonspection.

La tragédie actuelle, qui interroge sur les modalités et les limites de notre mode de développement, ouvre au contraire des champs majeurs de réflexion et de réinvention. Tel est l’enseignement essentiel de cette nouvelle livraison du baromètre Viavoice – Libération : de très larges majorités de Français aspirent à un autre monde, dont les lignes de force peu à peu se dessinent.

UN AUTRE MONDE : SOUVERAINETE COLLECTIVE, DEPASSEMENT DE LA SOCIETE DE MARCHE, ET BIENS COMMUNS

Les résultats sont frappants par leur ampleur : les Français aspirent massivement à un autre monde, dont les axes majeurs sont :

– La reconquête de la souveraineté collective : 70 % estiment qu’il faut « reprendre la construction européenne et créer une vraie puissance européenne », et 84 % qu’il faut « relocaliser en Europe le maximum de filières de production ». Pour cela est souhaité un « protectionnisme économique beaucoup plus strict envers le reste du monde », que ce soit aux frontières de l’UE (65 %) ou de la France (54 %) ;

– Le dépassement de la société de marché : 69 % jugent nécessaire de « ralentir le productivisme et la recherche perpétuelle de rentabilité », et 70 % de « réduire l’influence de la finance et des actionnaires sur la vie des entreprises » ;

– La sanctuarisation de « biens communs indispensables à tous » qu’il sera interdit de « fragiliser à l’avenir » : certes les « hôpitaux publics » (91 %) ou la « Sécurité sociale » (85 %), mais également « l’accès à l’eau et à un air de qualité » (88 %), la « biodiversité » (76 %) et l’« Education nationale » (82 %).

Ces aspirations ne sont pas neuves mais leur succès est novateur parce qu’elles dépassent l’opposition macronienne entre « nouveau monde » et « anciens mondes » politiques et économiques ; et elles inscrivent l’exigence écologique au sein d’une vision globale du futur.

Ces ambitions se déclinent en propositions majoritaires : « nationaliser des activités stratégiques pour la vie du pays » (68 %), « soutenir les entreprises nationales de manière beaucoup plus systématique et durable, même en dehors des crises » (56 %).

EMMANUEL MACRON : UNE GESTION TRES DECRIEE DE LA CRISE

Ces idées sont également nourries par des déceptions concernant la « gestion de la crise » du coronavirus par l’exécutif : 52 % des Français estiment que le président de la République a « mal géré » la crise (contre 44 %).

Concrètement prévalent des critiques massives qui ne se réduisent pas au premier tour des élections municipales qu’il « aurait fallu reporter » (84 %). S’imposent également les convictions selon lesquelles il « aurait fallu davantage expliquer les risques du virus, de manière à éviter les rassemblements dans les lieux publics et les parcs » (85 %) et « prendre des mesures de confinement beaucoup plus tôt et plus sévères » (83 %) : au total, le procès dominant contre l’exécutif est celui d’un manque d’anticipation et d’efficacité.

AU CŒUR DE LA CRISE, UN « MONDE D’APRES » SANS LEADER NATUREL

Dans ce contexte inédit, la singularité actuelle est de ne pas offrir de leader naturel. Pour aller « vers un monde avec de nouvelles règles de gouvernance et économiques, mieux à même de faire face à des crises telles que le coronavirus », Nicolas Hulot est cité en tête des personnalités testées (39 %), devant… Emmanuel Macron (33 %) et Edouard Philippe (32 %), puis Nicolas Sarkozy (32 %), Marine Le Pen (24 %), François Hollande (20 %), Marion Maréchal (20 %), Ségolène Royal (17 %), Yannick Jadot (17 %) et, curieusement en regard des circonstances, Jean-Luc Mélenchon (16 %), qui ne parvient pas à associer son image à l’idée de la société future.

La crise de 2008 avait consacré une dénonciation des dérives de la « finance », et ainsi forgé un socle de valeurs fédérateur de la gauche. La crise actuelle nourrit aussi des dénonciations fortes, et dessine des aspirations plus manifestes encore qu’en 2008, en précipitant des dynamiques enclenchées antérieurement.

Pour beaucoup, la pandémie révèle les défaillances de notre modèle, une scandaleuse inversion des priorités, et une course insensée d’un système que nul ne maîtrise. Par un effet vertigineux s’imposent simultanément l’une des plus grandes tragédies du siècle, et l’évidente nécessité de réflexions sur notre monde actuel.

François Miquet-Marty

Stewart Chau

LIRE L’INTEGRALITE DE L’ETUDE Téléchargez l’intégralité de l’étude en cliquant sur le lien suivant :

http://www.institut-viavoice.com/wp-content/uploads/2020/03/Barometre-Viavoice-Liberation-Avril2020-Coronavirus.pdf

5. Le Boléro de Ravel par l’Orchestre national de France confiné à la maison


6. Repenser notre Monde


7. Sortie de crise : les propositions choc de la Convention citoyenne pour le climat

Par ANTOINE DE RAVIGNAN 10/04/2020

Sans attendre son vote final et face à la crise du coronavirus, la Convention citoyenne pour le climat a présenté ce vendredi au gouvernement des propositions ambitieuses pour un plan de relance socialement juste et écologiquement soutenable. Des propositions non publiques qu’Alternatives Economiques a pu consulter.

Crise du coronavirus oblige, la Convention citoyenne pour le climat n’a pas pu solennellement voter et remettre ses propositions au président de la République le week-end dernier, ainsi que le prévoyait le calendrier initial. Il est question d’un report à juin, voire septembre.

Cependant, les membres de la convention ont maintenu les 3 et 4 avril leur session sous forme « dématérialisée », au cours de laquelle ils ont décidé d’apporter leur contribution au débat sur la sortie de crise, présentée ce vendredi. Ils souhaitent contribuer aux arbitrages sur les mesures de relance que doit décider le gouvernement, « car la crise que nous traversons n’est apparemment pas sans lien avec le dérèglement climatique et la dégradation de l’environnement ».

Préparer l’après coronavirus

Ils s’expriment en faveur d’une sortie de crise « qui ne soit pas réalisée au détriment du climat, de l’humain et de la biodiversité » et « qui prépare à un modèle économique et sociétal différent, plus humain et plus résilient ».

Par ailleurs, ils demandent au gouvernement que « les financements mobilisés dans le cadre de la sortie de crise soient socialement acceptables, fléchés vers des solutions vertes » ainsi qu’à ce que « les investissements se concentrent dans des secteurs d’avenir respectueux du climat ». Ils rappellent aussi que « cette crise nous concerne tous et ne sera résolue que grâce à un effort commun, impliquant les citoyens dans la préparation et la prise de décision ».

Au-delà de ces recommandations générales qui ont fait l’objet d’une communication publique (consultable sur le site de la Convention citoyenne pour le climat), les citoyens ont également présenté au gouvernement ce vendredi une cinquantaine de propositions très concrètes parmi les 150 qu’ils ont élaborées et dont ils jugent qu’elle devraient être activées dans le cadre d’un plan de sortie de crise : « Face à l’urgence, certaines de nos mesures permettraient de contribuer à la fois à une relance économique, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et, indéniablement, à améliorer notre santé et notre bien-être collectifs, tout en tenant compte des populations les plus fragiles. »

Ces propositions très concrètes adressées au chef de l’Etat et à son gouvernement pour que la relance post-déconfinement soit verte et pas brune, riche en emplois, socialement équitable et pas « business as usual », sont du plus grand intérêt. Elles sont à la fois ambitieuses et réalistes, et témoignent de l’extraordinaire travail réalisé par la Convention depuis l’automne dernier.

Des propositions non rendues publiques

Les citoyens ont toutefois décidé – par un vote dématérialisé organisé lundi dernier – que ces propositions ne seraient pas rendues publiques, mais adressées au seul gouvernement. Elles sont pourtant une contribution doublement importante au débat public sur le contenu de la relance économique que beaucoup appellent de leurs vœux.

D’une part en raison de leur qualité intrinsèque. D’autre part parce qu’elles sont le fruit de la réflexion non pas d’experts, mais d’un panel de citoyens représentatifs de la société et choisis au hasard. A ce titre, elles préfigurent une vision qui pourrait, moyennant un débat public de qualité, être partagée par la majorité des Français.

Publier ou ne pas publier ces propositions concrètes a suscité un vif débat au sein de la Convention citoyenne. En l’état, elles n’ont pas été solennellement votées par les 150 membres, puisque le confinement a empêché la tenue de la dernière session. Elles comportent un certain nombre de réserves et amendements sur lesquels il reste à délibérer. Elles ne peuvent donc être considérées comme définitivement adoptées.

Les publier à ce stade, c’est donc courir le risque que les citoyens soient exposés à des critiques et pressions venues de toutes parts : milieux patronaux, syndicats de salariés, organisations de la société civile… et ne puissent pas délibérer sereinement. Une position partagée par un certain nombre aussi bien du côté des citoyens membres de la Convention que de l’organisation.

Inversement, présenter ces propositions à la fois au public et au gouvernement – comme c’est le cas dans la discussion d’un projet de loi au parlement – c’est élargir le débat public sur les mesures de relance… et permettre à chacun de savoir quelle suite l’exécutif y donne.

Les 150 citoyens ont donc voté. Problème : comment voter quand tous ne sont pas également agiles avec les outils numériques ? Quand tous ne sont pas présents, parce que comme soignants, ou employés dans la logistique, ils sont « au front » ? La décision a été prise de voter à la majorité des 150, soit 76 voix, et non des seuls présents (ils étaient 115 à pouvoir voter en ligne), de sorte que les absents ne soient pas pénalisés.

Résultat du scrutin : 71 citoyens ont voté pour que les propositions présentées au gouvernement soient également rendues publiques. Soit cinq voix manquantes pour que ce soit publié, mais une majorité des voix parmi ceux qui ont voté. La démocratie n’est pas un exercice toujours aisé.

Venons-en aux propositions, que nous avons pu consulter. Des propositions souvent ambitieuses, qui ont pour dénominateur commun le souci de l’équilibre entre l’écologique et le social et l’idée qu’on doit réglementer pour agir, et non se contenter de mesures incitatives. Pour en donner une idée, nous en présentons ici quelques-unes, « sans filtre ».

1/ Rendre obligatoire la rénovation énergétique globale des bâtiments d’ici à 2040

L’objectif est de passer d’une rénovation par petits gestes à une rénovation globale, et de rénover 20 millions de logements de façon globale d’ici à 2030, dont 5 millions de passoires thermiques. Un grand chantier national créateur d’emplois, réducteur de la facture énergétique, améliore le confort et permet de réduire les dépenses de santé.

Pour les copropriétés et les bailleurs sociaux ou privés, la rénovation des passoires thermiques (étiquette énergie F et G) serait obligatoire d’ici à 2030 et les autres (D et E) avant 2040. Pour les maisons individuelles avec propriétaires occupants, la rénovation globale serait obligatoire au moment des transmissions à partir de 2024.

Dès 2021, l’augmentation des loyers des passoires thermiques serait interdite lors d’un changement de locataire. A partir de 2030, un malus serait imposé aux propriétaires qui n’auraient pas rénové, via la taxe foncière notamment.

Des mesures contraignantes qui s’accompagneraient bien sûr d’aides sur un plan technique et financières : guichet unique d’accompagnement à la rénovation, système progressif d’aides à la rénovation permettant un reste à charge minime dans le respect de la justice sociale.

2/ Lutter contre l’artificialisation des sols et l’étalement urbain

Dans le cadre de la planification intercommunale, le nombre d’hectares artificialisables par commune serait limité sur la période 2021-2030 au quart de ce qui a été artificialisé depuis 2000. Par ailleurs, toute artificialisation serait interdite là où des réhabilitations sont possibles dans l’enveloppe urbaine existante.

Pour favoriser la réutilisation des espaces déjà urbanisés et densifier, les citoyens ont formulé une série de propositions : comme le renforcement des dispositifs fiscaux permettant de pénaliser la vacance des logements et bureaux.

3/ Se nourrir autrement

Au chapitre de l’agriculture, les membres de la Convention préconisent de se fixer des objectifs ambitieux : avoir converti à l’agro-écologie 50 % des terres en 2040, baisser de 50 % l’usage des engrais azotés d’ici à 2030 et avoir éliminé tous les pesticides d’ici à 2040. En corollaire : développer les filières de plantes légumineuses, les prairies permanentes, les circuits courts…

4/ Décarboner le secteur des transports

Pour inciter à utiliser des moyens de transports doux ou partagés entre le domicile et le travail, le forfait mobilité durable, prévu par la récente loi d’orientation des mobilités (LOM) devrait être rendu obligatoire pour toutes les entreprises de plus de onze salariés et la prime devrait être augmentée à 500 euros par an, avec possibilité d’extension jusqu’à 1 800 euros dans certaines situations (zones rurales, précarité). L’adoption de plans de mobilité durable devrait être rendue obligatoire dans toutes les entreprises.

Les citoyens demandent aussi une révision de l’indemnité kilométrique déductible de l’impôt sur le revenu, qui avantage aujourd’hui les grosses cylindrées. Pour favoriser l’usage du vélo par les écoliers, il faudrait « créer un système de prêt de vélos basé sur le modèle du prêt de livres scolaires ».

Il faudrait aussi, pour entraîner de nouvelles habitudes de déplacement, aménager massivement les voies publiques. Parmi les propositions : interdire l’accès des centres-villes pour les véhicules les plus polluants, créer des parkings-relais dont le ticket permet un accès aux transports publics en centre-ville, augmenter les montants du fonds vélo de 50 à 200 millions d’euros par an pour financer des pistes cyclables, ainsi que généraliser sur les autoroutes péri-urbaines et pénétrantes les voies réservées aux véhicules partagés et transports en commun.

Sans oublier les infrastructures ferroviaires sur tout le territoire. Sur ce plan, les citoyens préconisent de réduire la TVA sur les billets de train de 10 % à 5,5 %, de généraliser à l’ensemble du territoire les mesures tarifaires attractives déjà pratiquées par certaines régions au niveau des TER (et des cars).

Une série d’autres propositions portent sur le transport de marchandises : dont une augmentation de 400 millions d’euros par an des investissements au profit du fret ferroviaire et des plates-formes multimodales, ainsi que la sortie progressive des avantages fiscaux sur le gazole, en échange de compensations pour les transporteurs routiers sous forme d’aides au financement accrues pour l’achat de camions neufs et moins polluants.

La voiture individuelle fait bien entendu l’objet de nombreuses propositions : interdiction dès 2025 de la commercialisation des véhicules neufs très émetteurs, modulation des taxes sur les contrats d’assurance en fonction des émissions de CO2, développement de la location longue durée des véhicules propres pour éviter l’investissement à l’achat, renforcement du bonus-malus aujourd’hui inopérant pour réorienter le marché. Actuellement, avec un seuil à 110 g de CO2/km et un malus de 1 000 euros quand on passe le palier de 133 g, 5 % des véhicules neufs ont un malus de plus de 1 000 euros.

5/ Un foisonnement de pistes

On pourrait signaler aussi de nombreuses propositions pertinentes touchant à la gestion des déchets, l’écoconception, l’orientation de l’épargne, les conditionnalités vertes aux aides publiques à la recherche et développement (R&D), l’accompagnement des entreprises dans la transition, la formation professionnelle, la régulation de la publicité, la sobriété numérique, l’éducation environnementale à l’école, l’amélioration de la participation citoyenne…

Au final, près de 90 pages de propositions posées sur le bureau de l’exécutif, certes inégales dans leur niveau de précision mais qui expriment la demande très claire des 150 citoyens pour un plan de relance vert et ambitieux. A voir ce qui sera fait de cette proposition, qui ne vient ni d’experts, ni d’associations de défense de l’environnement, ni d’élus et de partis politiques, mais de quelque chose qui ressemble à ce que beaucoup de Français attendent de leur Président.

8. COMPTE-RENDU DE L’APERO PHILO EN VISIO DU 21 AVRIL 2020 - 19h

8.1 Introduction écrite et lue par Emmanuel Becker

Bonsoir et bienvenue à vous !

Les membres du collectif Ataraxia sont heureux de vous accueillir pour cette nouvelle rencontre « Apéro philo » qui, confinement oblige, a lieu en visio cette fois ! L’utilisation de la plateforme ZOOM engendre des contraintes techniques et incite à observer des modalités d’utilisation qui respectent les demandes de prises de parole et le temps de parole de chacun. Merci de votre compréhension…

Je rappelle que ces séances constituent un temps d’échange ouvert, un espace de débat respectueux de la parole de chacun et chacune et que nous sommes autonomes vis-à-vis de tout groupe politique ou mouvement doctrinaire. Je rappelle aussi que nous ne sommes pas des experts des sujets traités. Nous sommes juste des citoyens engagés soucieux de partager leurs réflexions sur le chemin de la prise de conscience écologique.

Notre sujet de fond concerne la transition, la préoccupation écologique.

Selon des études gouvernementales (Commissariat Général au développement durable) et les ONG, en moins de 50 ans :

• Dans le monde, on a perdu 90% de la biodiversité.

• En France, on a perdu 75% de nos cultures potagères.

• Sans compter la perte de notre autonomie alimentaire à tous les niveaux :

• La perte du pouvoir nutritif des aliments : perte des vitamines et des minéraux en raison de l’appauvrissement des sols et des traitements pétrochimiques…

• En France, chaque semaine, 200 petites fermes disparaissent… Le « penser global, agir local » n’a jamais été autant d’actualité ! Les experts s’accordent à dire que l’action s’inscrit dans un temps long. Encore faut-il que l’action soit effective car il y a là urgence à agir !

Actuellement, le monde entier est frappé par le Coronavirus. Le COVID-19 engendre une crise sanitaire sans précédent et pousse les autorités à avoir recours à des mesures inédites. Les victimes de ce virus sont chaque jour plus nombreuses. Cette situation réveille nos peurs ancestrales, nous rappelle la fragilité de notre condition humaine et force à un retour à l’humilité !

Parallèlement aux informations terribles relayées par les médias, malgré tout, on constate déjà les effets positifs dû au fléchissement de l’activité humaine. Le taux de pollution est en baisse. Force est de constater que le vivant se régénère vite ! La grande leçon que je tire personnellement de cette situation, c’est qu’il est possible de ralentir, de prendre le temps. Le confinement semble favorable à l’introspection et on peut espérer que la sidération laisse place à une prise de conscience progressive à grande échelle. Prise de conscience, par exemple, qu’après plusieurs années de canicule successive, le dérèglement climatique est réel. Prendre conscience de l’importance de préserver les sols pour résister au changement climatique. De consommer autrement, de changer nos habitudes de vie en général. De revenir à l’essentiel et au bon sens en somme !

On sait aujourd’hui l’importance des gaz à effet de serre qui, suite aux activités de l’homme, provoquent une hausse de la température. C’est la cause principale du réchauffement climatique observé ces dernières décennies. La démonstration s’impose à nous ! Avec la crise sanitaire actuelle, ne sommes-nous pas en train d’assister à l’effondrement d’un monde connu de nous ? Sans pour autant mettre de côté les enjeux économiques, la problématique des emplois notamment, n’est-il pas temps d’envisager un nouveau mode de développement ? Pourquoi ne pas opter une bonne fois pour toute pour une véritable « économie verte » fondée sur l’économie sociale et solidaire, l’éco-conception, le bio, le recyclage, les énergies renouvelables, le commerce équitable, l’autonomie alimentaire, le lien social qui passent par la relocalisation…?

La situation que nous vivons actuellement ne sonne-t-elle pas le glas de la mondialisation à outrance ? Sous l’influence des experts mais aussi des grandes ONG* qui mettent en œuvre des démarches de responsabilité sociétale, et fort des initiatives citoyennes qui émergent de part et d’autre, les Etats commencent à intégrer ces notions dans leur discours. On peut se réjouir de ce constat mais il nous faut rester vigilant. A nous de veiller à ce que les paroles se traduisent par des actes, que ces intentions se transforment en mesures de politique publique !

Car si le choc social, politique, économique engendre une remise en cause morale (cf. réflexions du philosophe Abdennour Bidar), à quoi doit-on se préparer ? A un retour à « la normale » ou au début d’une véritable transition ? On nous parle du déconfinement, ce qui nous permet d’envisager la sortie de crise. Or de quoi sera faite l’époque d’après ? Retrouvera-t-on le monde d’avant ou une situation plus inquiétante encore ?

Quel modèle de développement voulons-nous ? Comment concilier progrès techniques, productivité et respect de l’environnement ? Doit-on réviser nos modes de production et de consommation ? Doit-on envisager un modèle de croissance décarboné, prôner la décroissance ? Viser moins de dépendance, plus de local, favoriser la biodiversité : penser local et durable ?…

La crise sanitaire est l’occasion de se recentrer. La crise actuelle nous offre une opportunité unique pour repenser tout cela ! Or, dans l’espoir de créer un monde plus sûr, les mesures prises pour faire face aux crises ont tendance à entraîner un repli (confinement obligatoire, fermeture des frontières), à réduire les libertés (géolocalisation qui peut vite dériver vers la surveillance !). Cette suppression de libertés sont décriées par des groupes comme « Génération libre », le thinktank mené par Gaspard König par exemple. Le consentement à la contrainte est le propre de la démocratie or avec l’affirmation des Etats nations, la souveraineté nationale, les restrictions des libertés, le retour des frontières, il ne faudrait pas tomber dans le piège d’un Etat autoritaire, voire d’un régime tyranique. Bref, le risque qui nous guète n’est-il pas de repartir à l’identique ou pire encore ?!… Le salut de l’Europe, inactive et fragilisée depuis plusieurs années, ne réside-t-il pas dans le « Green Deal » actuellement à l’œuvre et qui s’impose comme une relance post Corona ? Ce Pacte Vert pour l’Europe a précisément l’ambition de construire un avenir respectueux de l’environnement et vise la lutte contre le réchauffement ! Tout un programme !

Il nous faut « apprendre de nos erreurs » pour éviter l’effondrement qui nous guète : telle est la position de Pablo Servigne, chantre de la collapsologie. Bref, tout le monde semble vouloir le changement, mais qui est vraiment prêt à changer ? D’ailleurs, serions-nous libres de changer ? En la matière, plutôt que la conception des stoïciens**, on peut espérer suivre la voie des modernes (Sartre ou Kierkegaard) pour qui l’homme devient libre lorsqu’il substitue une attitude active à une situation subie, lorsqu’il prend parti à l’égard des événements de son temps car la liberté se prouve en se réalisant : agir plutôt que subir ! Affirmons-le pouvoir de choisir !

« La crise sanitaire peut-elle servir la cause climatique » A votre tour de vous exprimer !

  • Les grandes ONG (WWF, Les Amis de la Terre, Secours Catholique, Action Contre la Faim, Amnesty International, …)

L’objectif du développement durable est de définir des schémas viables qui concilient les trois aspects écologique, social et économique des activités humaines : « trois piliers » à prendre en compte par les collectivités comme par les entreprises et les individus. La finalité du développement durable est de trouver un équilibre cohérent et viable à long terme entre ces trois enjeux. À ces trois piliers s’ajoute un enjeu transversal, indispensable à la définition et à la mise en œuvre de politiques et d’actions relatives au développement durable : la gouvernance. La gouvernance consiste en la participation de tous les acteurs (citoyens, entreprises, associations, élus…) au processus de décision ; elle est de ce fait une forme de démocratie participative.

** la liberté consiste souvent à “changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde” (Descartes). C’est à une telle conception (celle des stoïciens) que les modernes (Sartre, Kierkegaard) sont revenus ; l’homme devient libre lorsqu’il substitue une attitude active à une situation subie, lorsqu’il prend parti à l’égard des événements de son temps : bref la liberté se prouve en se réalisant, lorsque l’homme réalise son destin en oeuvrant au lieu de le subir.

8.2 Compte-rendu des débats

Texte établi par le collectif Ataraxia

Il y a eu 11 connections avec en tout, compte tenu des couples, 15 personnes.

A la suite d’une mauvaise transmission, nous n’avons pas pu avoir avec nous une personne de Fleury sur Orne. De plus, une personne n’est pas parvenue à se connecter et une autre s’est excusée.

L’Apéro visio a duré près de 2 heures. Le thème était « La crise sanitaire peut-elle servir la cause climatique ? »

Après une introduction par Emmanuel Becker (voir document ci-dessus), il a été rappelé, à propos de la pandémie du Coronavirus, que l’on pouvait trouver sur ce même site l’interview par RFI et France 24 du Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, portugais, qui indiquait qu’il faudrait aider les pays pauvres, notamment l’Afrique, à hauteur de 10 % du PIB mondial, soit 3000 milliards d’euros (environ le PIB de la France), si, en particulier, nous ne voulions pas voir revenir le coronavirus vers les pays développés qui pourrait d’ailleurs avoir muté entre-temps…

Il a également été rappelé que, en raison du confinement qui nous a conduit à annuler la réunion de Clécy du 17 mars dernier, nous n’avions pas eu le temps d’échanger à propos du reportage sur le maire de Kingersheim en Alsace (que vous trouverez sous l’onglet «Les Thèmes»), lequel a mis en place une démocratie participative au sein de sa commune où l’ensemble des citoyens se réunissent pour décider des actions à conduire au niveau municipal avec des exemples concrets de réalisations…

Les participants se sont alors posés la question du quoi faire à notre niveau ?

A été donné un exemple de proposition à la Mairie de Clécy de réalisation en local de masques de protection, restée à ce jour sans réponse de la part du Conseil municipal réélu !

Un des participants a fait remarquer que les idées sont porteuses de changement et qu’il faut parfois savoir persister pour convaincre et parvenir à ses fins. Pour Annah Arendt seul le principe de réalité change les choses ! Or force est de constater que nous ne sommes pas suffisamment touchés massivement…

Le confinement est l’occasion de se retrouver face à soi. Qui porte la responsabilité de la situation et du monde d’après ?

La question qui se pose est la suivante : à l’issue du confinement, allons-nous repartir dans les mêmes conditions d’avant la crise sanitaire liée au COVID-19 ou bien profiter du changement de paradigmes pour œuvrer à de véritables changements et amorcer la transition ?

Un événement de cette nature peut-il vraiment révolutionner le système actuel ? Le confinement qui aura duré 2 mois (expérience anecdotique à l’échelle de l’humanité ?) sera-t-il l’opportunité d’un changement profond des mentalités ? Les avis sur cette question sont divisés. Le principe de réalité conduit davantage au pessimisme. Pourtant le réchauffement climatique est porteur d’encore plus grandes crises que celle provoquée par le Coronavirus et cela dans des délais très courts…

L’ère de l’« Anthropocène » (qui signifie littéralement « l’ère de l’humain ») est à convoquer : que pèse la situation actuelle au regard de l’échelle géologique terrestre ?

Il convient de défendre une philosophie pragmatique non déconnectée du réel concret…

Interrogée sur les éventuelles similitudes de l’actuel confinement avec la situation qu’elle a vécu alors qu’elle avait 10 ans au début de la seconde guerre mondiale, une de nos aînées, pensionnaire d’un logement indépendant au sein d’un EPADH local, a témoigné. Elle a dit son horreur d’avoir vu les parents de l’une de ses amies, fusillés à la libération pour collaboration sans autre forme de procès, laissant derrière eux son amie devenue orpheline… Un tel événement marque à vie et fait relativiser le contexte actuel.

Même avec les événements actuels, nous restons des privilégiés ! Elle a évoqué sa préoccupation pour les jeunes d’aujourd’hui car face à la crise sanitaire succèdera probablement une crise économique et financière déjà perceptible qui risque d’entraîner une crise sociale et politique majeure. La crainte affirmée est que notre société ne soit plus en mesure d’assurer un avenir pour ses jeunes… Mais, selon elle, il nous faut relativiser ce qui nous arrive et garder la foi en l’homme !

A la question : un deuxième confinement (dans l’hypothèse probable d’un redémarrage de la pandémie à l’automne 2020) peut-il provoquer un changement plus durable dans les mentalités et les comportements ?

Le sondage de Via Voice pour Libération publié sur notre site indique, à ce jour, une forte proportion de Français en faveur de ces changements. Du coup, l’assistance est apparue un peu moins catégorique sur le thème du « tout repartira comme avant » car un deuxième confinement pourrait avoir les mêmes effets que les privations de la seconde guerre mondiale avec la mise en place d’une autorité assimilable au Conseil National de la Résistance où des dispositifs innovants pourraient voir le jour, comme a vu le jour le système de Sécurité Sociale au sortir de la guerre…

Il a été également estimé que les propositions des 150 citoyens tirés au sort pour la Convention sur le climat, à la suite de la crise des gilets jaunes, pourraient être appliquées en partie par Emmanuel Macron, malgré de nombreuses réticences de l’assistance à l’endroit de l’actuel Président de la République…

D’une manière globale, dans le contexte actuel de confinement, les participants ont noté un fort impact de la situation sur les idées, au regard de l’adaptation dont nous faisons preuve, à travers certaines actions, en particulier l’engouement pour les thèmes écologiques, la consommation, le local (le « penser global, agir local » s’impose !), le télétravail (même si certains employeurs apparaissent encore réticents), l’émergence de valeurs fortes comme la solidarité (la fin de l’individualisme ?), le rapport aux anciens, mais aussi l’importance de l’hôpital public avec le rôle essentiel des personnels soignants et la solidarité générale qui les accompagnent…

Les actes comptent plus que les grands débats et les palabres !

Les tenants de l’optimisme revendiquent le fait que la situation est inédite et qu’il est permis de faire confiance dans la prise de conscience individuelle et collective…

L’expérience individuelle peut être riche en effet, mais qu’advient-elle collectivement ? Un débat s’est alors engagé sur la distinction entre le niveau individuel et le niveau collectif, notamment l’inefficacité voire la toxicité parfois des agissements issus de la foule : sagesse et foule sont peut-être/parfois antagonistes ! Question corollaire : l’homme est-il bon ou mauvais ? L’homme n’est-il pas capable des pires choses comme des meilleures ?

Ne faut-il davantage croire en la puissance de l’homme en tant qu’individu que lorsque qu’il est noyé dans la foule ?

Or ne doutons pas qu’un petit nombre de citoyens volontaires et réfléchis peut accomplir de grandes choses, ne serait-ce qu’à un niveau local !

Sans aucun doute, le débat sera poursuivi une autre fois…