1. Présentation des différentes formes de démocratie

Etymologie : du grec dêmos, peuple, et kratos, pouvoir, autorité

On distingue et on oppose démocratie directe et démocratie indirecte, et au sein de cette dernière démocratie représentative et démocratie participative

La démocratie directe est l’exercice direct par le peuple du pouvoir politique. Dans l’Antiquité, certaines cités étaient organisées en démocratie directe, mais plusieurs auteurs font remarquer que tous les habitants de ces cités n’étaient pas tous citoyens et il y avait de nombreux esclaves pour les faire fonctionner.

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) estime pour sa part que la démocratie ne peut être que directe en se fondant sur les droits naturels des êtres humains et sur le pacte social qui les unit. De nombreux auteurs pensent toutefois que la démocratie directe n’est applicable que dans de petits pays avec peu d’habitants avec des structures sociales et politiques homogènes qui le permettent. C’est partiellement le cas de la Suisse, facilité par son fédéralisme.

Dans le secteur économique, l’autogestion est une application de la démocratie directe

La démocratie indirecte consiste à ce que le peuple élise ses représentants à qui il délègue son pouvoir

Aucun gouvernement n’est jamais définitivement installé. A échéances régulières de nouvelles élections ont lieu. L’opposition est considérée comme une force légitime et toutes les tendances ont le droit de s’exprimer. L’espoir d’accéder au gouvernement est ouvert à tous.

La plupart des démocraties actuelles ont adopté le système représentatif avec des contre-pouvoirs : cour suprême ou constitutionnelle, bicamérisme, indépendance de la justice, possibilité pour le pouvoir exécutif d’opposer son veto aux décisions du pouvoir législatif, etc, sans aller jusqu’au mandat impératif, qui voudrait que les élus appliquent sans pouvoir en juger les décisions prises par le peuple. Cela serait en effet très dangereux, car cela pourrait conduire à des prises de décision inappropriées.

Le système représentatif présente toutefois de nombreuses insuffisances : • La composition socio-professionnelle des élus est souvent très éloignée de celle des électeurs avec des intérêts qui ne coïncident pas forcément, • La concentration des pouvoirs favorise la corruption, • La quasi-impossibilité d’être élu si l’on n’appartient pas à un parti avec corrélativement la quasi-impossibilité pour un élu d’exprimer ses convictions propres, • Le risque d’absentéisme, • La tendance au bipartisme avec de nombreux conflits d’intérêts, • La non représentation du peuple dans l’intervalle des élections, • Bref des critiques souvent entendues autour des ronds-points occupés par les gilets jaunes…

Pour diminuer ces insuffisances de la démocratie indirecte représentative on a essayé d’instituer des morceaux de démocratie directe ou semi-directe pour faire participer les citoyens tels que : • Des référendums, mais attention aux référendums qui sont souvent l’occasion, soit de plébiscite, soit ne conduisent pas à disposer d’une réponse à la question posée, soit le plus souvent ne permettent pas de co-construire une réponse qui est nécessairement nuancée et complexe,
• Des assemblées locales, mais attention aux mêmes critiques que celles portant sur la démocratie représentative… • Des initiatives populaires, oui mais comment les transformer en co-constructions dynamiques et efficaces ? • Des pétitions, mais cela ne permet pas nécessairement une co-construction effective avec le peuple, • …

Il convient donc de réfléchir aux moyens d’articuler réellement une démocratie représentative avec une démocratie participative, sachant que cette dernière désigne l’ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent d’augmenter l’implication des citoyens dans la vie politique et d’accroître leur rôle dans les prises de décision, notamment dans l’intervalle constitué par deux élections.

La démocratie participative devrait donc permettre de pallier aux lacunes de la démocratie représentative : • parlement non représentatif de la diversité de la société, • éloignement des élus du terrain et de la réalité quotidienne, • sentiment pour les citoyens de ne pas être compris des politiciens, • méfiance envers les hommes politiques, • faiblesse des contre-pouvoirs, • augmentation de l’abstention, • centralisation des décisions, • …

Par rapport à la démocratie représentative et à la démocratie directe, la démocratie participative se présenterait comme un système mixte dans lequel le peuple délègue son pouvoir à des représentants qui proposent et votent des lois, mais le peuple conserve cependant le pouvoir de se saisir lui-même de certaines questions à un niveau national comme à un niveau local.

Les caractéristiques d’une démocratie participative sont : • Par exemple, au niveau national, un remplacement des élections par un tirage au sort de citoyens pour constituer des assemblées participatives (voir l’exemple en France de la désignation de 150 citoyens pour participer à la convention citoyenne sur le climat), • Au niveau local, la réunion de tous les citoyens intéressés par un sujet donné pour éclairer les représentants et co-construire une décision locale (voir notamment les exemples des communes de Loos en Gohelle, Kingersheim et Saillans, à l’initiative en particulier de leurs maires respectifs)… • Une généralisation de cette concertation dynamique, sous forme de débats libres, relative à des décision aussi bien à échelle nationale que locale, • La mise en place de tout système organisé qui garantit que toutes les idées constructives et nouvelles des citoyens seront examinées de manière constructive et efficace.

Un système de démocratie participative sera d’autant plus pérenne que toutes les mesures décidées sont acceptables et acceptées par la grande majorité des personnes concernées et vont dans le sens du “bien commun”.

Dans ce système, il convient de ne pas limiter le rôle des citoyens à leur seule consultation mais il est primordial de prendre son temps en n’oubliant pas de faire délibérer, discuter et échanger effectivement sur les positions entre les différents acteurs citoyens de manière à co-construire des décisions avec un consensus le plus large possible.

Ce qui est d’ailleurs vrai pour les affaires de la cité à l’échelon national comme à l’échelon local, est également vrai au sein des entreprises où il convient également de faire pénétrer la démocratie participative pour transformer les salariés en acteurs efficaces, éclairés et autonomes de leur vie professionnelle (tout le système de la division actuelle du travail et du capitalisme à faire évoluer)…

2. Interview de Jo Spiegel en 2013 à l’occasion de la sortie de son livre “Faire (re)naître la démocratie”. Plusieurs philosophes et penseurs y sont invoqués dont Pierre Rosanvallon, Jean-Jacques Rousseau et Hannah Arendt

On ira également regarder la présentation courte de Kingersheim et de son maire Jo Spiegel, qui font de la démocratie participative depuis fort longtemps sous l’onglet “les thèmes” dans la rubrique “expériences municipales” et “démocratie participative”


3. Exemple de démocratie participative commenté et pratiqué par Jean François Caron, maire de Loos-en-Gohelle et membre de EELV

Jean-François Caron explique comment, les gens de sa commune du Pas de Calais minier ont changé de regard pour se redonner un futur, comment a été instillé un désir de développement durable avec la participation de tous au processus de décision.

Il ne s’agit pas de réunions où l’on s’exprime sur ce qui est présenté mais de décisions prises par tous en responsabilité ; c’est un processus collectif : mettre les gens en situation de co-produire la ville avec une vision qui n’apparaît que progressivement à tous… C’est très compliqué d’emmener un collectif en disant « on va changer le monde, mais on ne sait pas vers quel monde on va »…

Les habitants acteurs de la commune ont donc travaillé collectivement et énormément sur les questions de résilience, de droit à l’erreur, de prise d’initiatives, notamment avec des psychologues, pour essayer de comprendre cette capacité à réagir après un choc complétement déstructurant…

Les citoyens ont inventé un projet de ville, certes en s‘appuyant sur des dires d’experts et sur la légitimité de leurs représentants élus, mais ce sont eux qui ont décidé in fine avant tout… C’est cela une véritable démocratie participative… Il s’agit de la reprise en main de son destin par une population locale…


4. Invité de RTL, Jean-François Caron, maire EELV de Loos-en-Gohelle, explique aux auditeurs comment opèrer une véritable transition énergétique co-construite avec les habitants de sa commune

Il presse le président de la République de s’appuyer “sur les réponses qui montent du local”.


5. Roland Gori, psychanalyste et philosophe, nous présente son livre « Et si l’effondrement avait déjà eu lieu » sous-titré « L’étrange défaite de nos croyances »

Nous avons plus que jamais besoin de l’histoire, de la philosophie et de la psychanalyse pour nous délivrer de ce passé qui est moins trace, qu’actualité d’une histoire méconnue. Il nous faut sans attendre inventer une nouvelle forme d’utopie fabriquée avec l’étoffe de nos rêves, pensée moins comme le projet d’un avenir meilleur sans cesse repoussé aux calendes grecques que comme l’originalité à saisir à tout moment pour inventer un futur inédit…


6. Saillans : une autre commune pionnière de la démocratie participative en France


7. Démocratie participative : les citoyens ont-ils la main ?


8. Un sujet à développer dans le cadre de la démocratie participative : La résilience alimentaire à instituer localement


9. La démocratie participative est-elle un conte de fées ?

Question présentée par Clément Viktorovitch, né en 1984, politologue et chroniqueur.

Clément Viktorovitch s’exprime sur ce sujet notamment en partant des thèses de Carole Pateman, féministe, philosophe, politologue et professeur à UCLA, d’une part, et de celles du philosophe allemand Jürgen Habermas, théoricien en sciences sociales, d’autre part. Ces deux personnalités présentent la démocratie participative chacun sous un angle différent.

Clément Viktorovitch évoque ensuite trois outils et méthodes différents utilisés par la démocratie participative successivement :

Les budgets participatifs, notamment avec l’expérience de Porto Alegre au Brésil

Le débat public avec l’expérience française de la CNDP depuis 1995 (Commission Nationale du Débat Public, indépendante depuis 2002 et obligatoirement saisie à partir d’un certain montant d’investissement). Cette commission organise une concertation par projet basée sur l’argumentation, l’équité et la transparence

Les jurys citoyens basés sur une vingtaine de personnes tirées au sort pour évaluer et discuter un projet précis comme par exemple les nanotechnologies, les OGM, les enfouissements de déchets nucléaires… Ces jurys citoyens confrontent leur savoirs profanes aux savoirs des experts sur plusieurs semaines, voire sur plusieurs mois un weekend sur deux par exemple, notamment en auditionnant les experts. Au bout du compte ce qui est observé c’est que les citoyens émettent un avis nuancé, complexe et éclairé… Mais cela reste relativement marginal en France… Pourtant cela permet aux citoyens ordinaires de donner leurs avis éclairés…

Il existe une infinité d’autres moyens de démocratie participative à inventer…

Clément Viktorovitch nous parle ensuite des limites de la démocratie participative, du moins de celles qui sont rencontrées aujourd’hui dans toutes ces expériences :

• Ces expériences ne se déploient aujourd’hui que localement et encore !

• Ces expériences sont trop souvent purement consultatives !

Clément Viktorovitch nous parle également de l’immense espoir qu’a suscité le projet islandais de nouvelle constitution qui est tombé ensuite à plat au bout de deux ans alors qu’il avait été ratifié par referendum et jugé excellent par la communauté internationale. En fait les élus n’ont pas supporté que le peuple décide par la participation… Le philosophe Jacques Rancière a appelé cela « la haine de la démocratie »…

Finalement plane le risque que ces procédures participatives soient instrumentalisées par les politiciens sous forme de communication…

Clément Viktorovitch montre ensuite que nous ne sommes pas prêts pour accepter une décision par exemple d’un jury de citoyens tirés au sort et nous indique que pour l’instant on n’a pas trouvé les moyens de résoudre ce problème de légitimité.

Ensuite, il donne les explications notamment de Pierre Bourdieu, mais également d’autres chercheurs concernant la sociologie des électeurs en montrant que chaque vote n’est pas forcément égal. Les électeurs qui ont le plus de diplômes et le plus d’argent s’abstiennent moins que les autres.

Du coup on pourrait penser que le déploiement de la démocratie participative comble ces gouffres entre plus riches et plus pauvres… Ce n’est pas l’avis de Clement Viktorovitch, mais sa démonstration pêche car elle s’appuie sur des formes de démocratie participative qui existent aujourd’hui, comme les conseils de quartiers, mais qui ne fonctionnent pas vraiment… Notamment parce que ne correspondent pas les sujets traités avec les populations concernées… Très difficile à obtenir… Donc il convient de faire très attention à ce point… Et c’est le rôle des élus et donc, in fine, on mesure toute la difficulté de la mise en œuvre de la démocratie participative…

Mais dernière objection de Clement Viktorovitch, est-ce que tout cela n’est pas un fantasme de chercheur ? Il évoque alors une étude qui montre notamment que ce n’est pas forcément le souhait des citoyens que de développer la démocratie participative…

Clement Viktorovitch finit néanmoins sur une note optimiste avec l’exemple de la Colombie Britannique, province du Canada…

Et il ajoute que quand un dispositif participatif et ses résultats sont très médiatisés, il y a beaucoup plus de chances que cela réussisse et d’amener les citoyens défavorisés à donner leurs avis… Les élus peuvent alors plus difficilement ne pas en tenir compte…

En conclusion, il pense qu’il ne tient qu’aux citoyens de tranformer la démocratie participative d’un conte de fées en réalité tangible de nos démocraties


10. Démocratie participative : quels outils ? le 15 octobre 2019 à l’auditorium de la Cité des sciences et de l’industrie

Invités : Loïc Blondiaux, professeur de science politique à la Sorbonne Paris 1, chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP). Antoine Brachet, directeur exécutif de Bluenove et co-président de Démocratie Ouverte ; David Prothais, fondateur du cabinet Eclectic Experience, garant de la Commission nationale du débat public ; Leonore de Roquefeuil, présidente de Voxe, un media Civic Tech.


11. La démocratie participative pratiquée depuis vingt ans par le maire de Kingersheim

Par la mise en place de conseils participatifs : A l’initiative du maire, du conseil municipal ou des habitants, un conseil participatif est créé à chaque fois qu’un projet est mis en agenda.

Il comprend, autour du maire, des élus et des collaborateurs, tous ceux qui ont quelque chose à dire : s’ils sont trop nombreux, ils sont tirés au sort parmi les habitants qui se sont portés volontaires, les membres des associations, les experts, les élus et les collaborateurs, en tout pas plus de 60 à 80 personnes surtout dans une commune de moins de 500 habitants.

Il y a trois collèges : 1- les habitants, 2- les partenaires associatifs, les métiers actifs et les experts, 3- les élus et collaborateurs.

A été écrite une charte de la participation démocratique qui fixe une éthique de la discussion et précise les engagements de chacun.

Ci-dessous un exemple de charte de participation démocratique (à adapter à chaque contexte et chaque commune) :

1. Préambule

La démarche participative s’inscrit dans une volonté de débat, de concertation et de coproduction avec les habitants ainsi qu’avec toutes les ressources humaines de sens, d’intelligence et d’expertise technique et d’usage. Elle propose des pistes de réflexions argumentées qui serviront d’aide à la décision.

Le Conseil participatif est à la phase décisive de débat, de concertation et de co-construction ce que le Conseil municipal est à la phase décisionnaire. En effet, le Conseil municipal, en vertu de la légitimité que lui confère le suffrage universel, est seul détenteur du pouvoir de décision.

2. Engagement de la commune et de ses représentants

La commune s’engage à mettre en œuvre les moyens humains et budgétaires nécessaires au déroulement optimal de la démarche participative.

La commune s’engage en particulier à donner aux membres du Conseil participatif et particulièrement aux habitants, en amont des premières réunions de travail et tout au long de la démarche, les éléments d’informations préalables nécessaires à la compréhension du projet.

En l’occurrence, s’agissant du PLU (pragraphe à adapter à chaque projet), une séance d’information sur les grands documents d’aménagement, d’urbanisme ou de programmation à l’échelle du territoire de la commune, sera organisée ainsi qu’une visite de l’exposition organisée notamment avec l’aide de la commune.

La commune s’engage à garder une position neutre dans l’animation des débats ; elle recourt pour ce faire à un tiers extérieur indépendant pour le soutien à la démarche, à l’information des habitants et à la gestion des réunions du conseil participatif.

Ce tiers extérieur doit assurer une fonction de médiation entre les différents participants. Il veille au respect de l’ordre du jour, propose des éléments de synthèse et fait procéder à la validation des propositions.

La commune s’engage à assurer la restitution de l’information, en direction des membres du Conseil Participatif mais aussi en direction de l’ensemble de la population.

Les comptes rendus des séances de travail sont diffusés aux membres du Conseil participatif, sur le site de la commune et sur tout autre support de communication mis en place par la commune.

La commune fera régulièrement le point sur l’avancement du projet. En particulier, tous les habitants de la commune seront informés de la tenue des forums de restitution auxquels ils seront conviés, par tous moyens (voie de presse, via les différents outils de communication mis en place par la commune, via une info SMS oi par mail pour ceux qui disposent des outils correspondants, etc… ).

3. Une éthique de l’engagement

Les membres du Conseil Participatif s’engagent à participer rrégulièrement aux ateliers proposés tout au long de la démarche. En cas d’absence, ils se tiennent informés par les comptes rendus ou contacts directs avec les techniciens en charge du suivi de la démarche.

Les membres du Conseil Participatif s’engagent à participer activement ; des représentants du conseil seront sollicités régulièrement pour diverses missions : rapporteur auprès des habitants à l’occasion des forums, témoignages pour la presse…

Les membres du Conseil Participatif s’engagent à accepter et respecter l’esprit qui préside à l’instu-itution de la présente démarche, laquelle fera l’objet d’un développement par la commune : institution d’une maison de la citoyenneté, d’une journée de la citoyenneté, et de toute autre idée faisable et contributive au développement de la participation des citoyens.

Les Conseils participatifs ont pour ambition de donner au débat public une nouvelle dimension : celle de l’écoute, de la délibération argumentée, de la participation active, de l’implication responsable. Ils sont tous solidairement respectueux et garants de cet état d’esprit.

Ces conseils participatifs peuvent être accompagnés par des animateurs soigneusement choisis (ils peuvent participer à ce choix), indépendants de la puissance publique. Ils ont pour mission d’encourager l’examen de tous les paramètres (juridiques, budgétaires, et de croiser toutes les opinions (du rêve à l’indignation en passant par la régulation).

Les sujets abordés (en général environ deux par an) peuvent être à titre d’exemple :

  • la rénovation de la salle des fêtes,
  • la construction d’une maison de la citoyenneté où peuvent se réunir les conseils participatifs,
  • la construction d’une maison d’accueil pour la petite enfance,
  • un projet de restauration,
  • un espace de jeux,
  • un projet de parc public,
  • la circulation et la sécurité routière,
  • la résilience alimentaire,
  • la résilience sanitaire,
  • le développement d’un plan énergie communale
  • le développement d’un plan climat communal (notamment en raison des sécheresses répétitives),
  • etc …

L’idéal est de préparer une décision qui s’offre comme un fruit mûr aux élus…

Conditions de réussite :

  • une campagne d’information préalable tout azimuth vis-à-vis des habitants (notamment par voie de presse, par SMS, par mails, plusieurs forums d’information et de débat à la mairie ou à la maison de la citoyenneté,
  • des effectifs à peu près égaux entre les 3 collèges,
  • de nombreux temps de formation et de sensibilisation surtout du collège habitants, notamment sur les faits et chiffres,
  • le choix d’un animateur ayant une bonne compétence dans le domaine abordé, mais qui doit rester le plus possible neutre,
  • une précision du périmètre démocratique par l’équipe municipale, laquelle doit indiquer le plus clairement possible ce qui est négociable de ce qui ne l’est pas (contraintes juridiques, engagement politiques des élus…),
  • organisation d’un retour d’information régulier et transparent de ces conseils participatifs vers la population (cheminement du projet, partage du sens et des enjeux, clarté des objectifs, processus de maturation, liste des idées reçues et des approches égoïstes, confrontation et fertilisation des points de vue sous forme notamment de forums-débats) de façon à ce que les habitants est tout le loisir d’interroger, d’interpeller, de critiquer le travail réalisé par les membres du conseil participatif…

Au total :

  • parler vrai, vouloir agir juste,
  • transcender les regards, élever le débat, solliciter le meilleur de chacun,
  • une vrai chance de grandissement personnel pour l’élu (nouveau rapport au pouvoir de l’élu, désormais garant de l’intérêt général, et dépositaire de l’accession de tous à la notion de bien commun),
  • une véritable opportunité pour les habitants de transformation personnelle avec un enjeu de responsabilisation, d’épanouissement et de rayonnement personnel,
  • un projet pourquoi, pour quoi et pour qui ?
  • le développement d’une véritable éthique de la discussion : l’invention de la démocratie de demain avec le développement d’une nouvelle légitimité du processus décisionnel, un refus de l’opacité du entre-soi, un nouvel horizon de confiance…
  • le développement d’un autre rapport au territoire avec, localement, la construction petit à petit d’un nouveau pacte civique avec progressivement l’élaboration d’une société plus sobre, plus créative, plus juste et plus fraternelle…

12. Compte-rendu de la séance du 8 septembre 2020 de la séance l’Apéro Philo à la Menuiserie de Clécy

Emmanuel Becker accueille les 15 participants (dont deux élus), rappelle la vocation du collectif Ataraxia (sujets de réflexion sur le thème de la transition) et lance la séance en rappelant le sujet du jour : « Formes de démocratie et cause climatique » en indiquant qu’une source documentaire est disponible sur le site dédié.

La séance débute par une courte vidéo présentant une interview de Joe Spiegel, maire depuis 30 ans de la commune de Kingersheim près de Mulhouse. Il y présente les expériences de démocratie participatives qui, au fil des ans, ont été mis en place et les espaces que les habitants ont investis (création de la maison des citoyens où se déroulent des conseils de citoyens thématiques…)

Alain Aznar propose une synthèse des éléments mis en ligne qui sont à disposition des participants qui ont pour objet de préparer le public en amont des temps d’échange.

La démocratie participative est un concept apparu dans les années 60-70 à la faveur des différents mouvements sociaux.

La démocratie participative, c’est l’ensemble des démarches qui visent à associer les « citoyens ordinaires » aux processus de décisions politiques en vue de renforcer leur légitimité, selon Loïc Blondiaux, professeur à Sciences Po et auteur de l’ouvrage « Le nouvel esprit de la démocratie, Actualité de la démocratie participative, Seuil, 2008 »

Il sest notamment souligné que la démocratie participative doit venir compléter la démocratie représentative notamment au niveau local…

L’idée est de venir compléter la démocratie représentative dans laquelle de moins en moins de citoyens se reconnaissent (cf en particulier le mouvement des gilets jaunes), pour que les décisions prises soient en adéquation avec ce que pense la plupart des habitants. Il s’agit en quelque sorte de légitimer entre deux élections les décisions prises par les élus. Mais il ne s’agit pas seulement de consulter les habitants avec des procédures souvent bien trop rapides, il s’agit ,bien plutôt, de faire en sorte que les habitants, du moins ceux que cela intéresse, soient pleinement informés et débattent au cours d’une longue période et lors de multiples réunions des enjeux sociaux, politiques, économiques des décisions à prendre. Il s’agit de les co-construire tous ensemble.

Pour cela, iI convient que nos élus notamment utilisent leur pouvoir pour forger des outils d’aide à la décision publique et organise la confrontation des diverses opinions et des différents groupes et individus, le cas échéant à leur propre initiative, dans le cadre d’une démarche basée sur l’écoute des autres.

C’est aux USA que la notion de « participatory democracy » émerge pour la première fois avec notamment l’ouvrage de Carole Pateman en 1970 (Participation and democratic theory, Cambridge University Press, 1970). Ce premier courant de pensée s’inspire notamment du philosophe Jean-Jacques Rousseau…

Dans les années 80 émerge un autre courant qui insiste sur l’importance, en démocratie, de la discussion, seule à même de légitimer la décision politique et de la rendre efficace. Il s’inspire notamment des travaux du philosophe Jürgen Habermas, pour qui la légitimité d’une décision en démocratie, est fondée sur la participation préalable de tous les citoyens concernés à un débat et à une confrontation publique susceptibles de faire émerger un consensus. L’enjeu est moins la mobilisation des citoyens que la légitimation et la qualité de la décision publique…

La démocratie participative s’exprime dans le monde à travers de multiples instruments (il en reste pleins à inventer !), que ce soit les budgets participatifs, les conseils participatifs (notamment à Kingersheim), les jurys citoyens, le débat public, les conférences de consensus, les conseils de quartiers, la mise en place de bureaux de citoyens, etc…

Il est très important, pour le succès de la démocratie participative de désacraliser l’expertise. Il faut reconnaître la capacité de tout citoyen à pouvoir délibérer grâce à une information adéquate et sur un pied d’égalité, sur des questions relevant du bien commun. La pratique a démontré que des citoyens ordinaires pouvaient très bien s’approprier des sujets complexes et produire un avis éclairé. Ainsi en est-il de l’avis produit par 160 citoyens tirés au sort en Colombie Britannique (une des provinces du Canada) pour faire des propositions concernant la réforme du mode de scrutin. Il en est de même en France avec les 150 citoyens tirés au sort concernant notamment la transition climatique.

La démocratie participative n’a de sens que si elle parvient à dépasser les exclusions sociales. Il faut ainsi recréer de la confiance, notamment à l’égard des politiques et en particulier des élus au niveau local…

A signaler que François Mitterrand a rétabli ce que Napoléon avait supprimé, à savoir la responsabilité des maires en matière de sécurité alimentaire, sanitaire, des biens et des personnes…

En particulier, notre système actuel de distribution alimentaire avec des stocks prévus pour moins d’une semaine, ne permet pas d’assurer une résilience alimentaire efficace en cas d’imprévu qui viendrait empêcher par exemple la circulation des camions livreurs comme un aléa météorologique majeur ou une nouvelle pandémie plus grave encore que celle que nous traversons actuellement avec la Covid 19.

Il est urgent que nous en débattions au niveau de nos communes notamment pour imaginer tous ensemble les réponses à y apporter (notamment en termes de formes d’agriculture locale)…

Gabriel Poisson (participant et professeur de philosophe) souligne que la démocratie participative doit arriver à « mouiller les autres ». Elle ne doit pas demeurer dans des réunions festives et doit échapper à la surreprésentation des cadres, trop souvent rencontrée en politique…

Cédric Blot (participant et président de l’association « Les croqueurs de nature ») met en garde l’assistance et plus généralement tous les citoyens contre le danger d’une manipulation à l’occasion du déploiement de la démocratie participative. Il souligne plus particulièrement la difficulté pour nous tous d’abandonner nos réflexes et de repenser par nous-mêmes nos modes de vie pour devenir plus résilient… Il insiste sur la notion de « faire » maintenant et tout de suite… Il intervient également pour défendre l’idée de faire émerger et même de développper sa propre spiritualité dans le cadre de la démocratie. Il s’agit de développer les valeurs, le sens et la direction de ce qui nous habite… Ça commence par soi !

Un autre participant indique que ce n’est pas toujours possible de développer ces principes et souligne qu’on n’a pas le droit d’imposer ses vues personnelles. Par contre, il est d’accord avec l’idée que c’est en travaillant avec les enfants que l’on peut avoir d’une part un impact sur les parents, d’autre part que l’on peut préparer l’avenir. Mais nous reste-t-il le temps de le faire compte tenu de l’urgence climatique ?

Un autre participant encore indique qu’il est inutile d’attendre un signal de changement qui ne viendrait seulement que « d’en haut ». Beaucoup expriment leur accord avec cette idée, même si une telle démarche peut être notamment impulsée par le haut…

Un autre encore regrette que nos vies nous échappent trop souvent et constate que nous refusons de continuer à être gouvernés par nos habitudes que lorsque nous le voulons vraiment…

Un autre participant critique les écologistes qui parfois terrorisent pour prendre le pouvoir…

L’élu de la communauté de commune du Cingal en charge de la transition climatique trouve que la démarche instituée par l’Apéro Philo est positive, mais que le bien commun n’est pas si partagé que cela.*** Il appelle les citoyens à se prendre en main et il pense qu’il y a quelque chose à inventer en matière de démocratie participative pour entraîner les citoyens. Il pense notamment qu’il faut mettre en avant la bienveillance de chacun et « y aller doucement ». Il invite notamment à une réflexion des citoyens sur l’éolien et plus généralement sur les énergies renouvelables comme dans les économies d’énergie, dans le secteur public comme dans le privé…

Une autre élue, maire d’une commune voisine, déclare qu’elle se questionne continuellement pour essayer de mobiliser ses administrés et s’interroge sur ce qui leur permettrait de s’approprier des moyens qu’offre la démocratie participative.

Tous les participants s’interrogent sur la manière de mobiliser et faire venir les gens sur des sujets d’intérêt commun et ainsi dépasser « l’entre-soi »… Chacun convient que ce n’est pas facile et que tout est à inventer en la matière…

Un participant souligne qu’il ne faut pas avoir peur « d’y aller », bien sûr en respectant les gens, en partageant les savoirs, en n’ayant pas peur de faire confiance, en réunissant et en discutant avec les gens pour réaliser plus de choses dans le cadre d’une dynamique du bien commun…

D’autres soulignent encore que chaque occasion de réunion vaut la peine d’être saisie, comme par exemple la traditionnelle séance dédiée aux vœux du Maire, etc…

Les élus présents soulignent que la réglementation a parfois du bon en ce qu’elle oblige à faire attention quelquefois au bien commun…

Un autre participant pense que c’est ce qu’on a en commun qui nous rassemble. Dans ce contexte il convient d’abord de s’attacher à comprendre l’autre…

*Enfin un autre participant propose de lier la prochaine session de l’Apéro Philo à un événement qui pourrait attirer plus de monde. Il s’agit de se rassembler autour de valeurs communes qui peuvent se traduire par des actions collectives. Quelqu’un propose notamment une séance d’apprentissage de tir à l’arc ou tout autre activité qui serait prétexte à l’échange et à la discussion… Et pourquoi pas, puisque nous avons prévu de tenir notre prochaine réunion au Soubock, un concert avec un groupe ?

En fin de réunion, après plus de 2 heures d’échanges nourris entre les participants, Emmanuel Becker demande à l’assistance quel sujet elle aimerait mettre à l’ordre du jour du prochain Apéro Philo du mardi 1er décembre au Soubock. Bruce Dévernois indique que Julien Danlos qui n’a pu venir pour des raisons de formation à la sociocratie (sorte de démocratie participative) dans la Drôme, y sera présent et serait intéressé par une poursuite de la discussion entamée ce 8 septembre à La Menuiserie.

Pourquoi pas par exemple le sujet suivant « Causes démocratique et climatique : même sujet ? »