1. Avec cet apéro philo, nous poursuivons l’objectif de faire connaître des expériences et de promouvoir les échanges entre participants.

Ainsi nous souhaitons que tout un chacun vienne témoigner de son ou de ses expériences locales.

Après un recensement non exhaustif des expériences dont nous avons connaissance, il ressort que nous allons demander que viennent témoigner :

  • Emmanuel Becker, lequel présentera L’AMAP (association A.R.B.R.E.S.) de Thury-Le Hom-Suisse-Normande, avec un projet en pleine évolution,
  • Annaïg Rivoal de l’association ARBRES, laquelle présentera un petit guide éco-responsable des initiatives locales intitulé « Le P’tit Suisse Normand »,
  • L’association Les Sonorines à Sainte-Honorine-La-Guillaume, laquelle vise à dynamiser le lien social en zone rurale,
  • Emmanuel Becker et Caty Banneville, lesquels ont participé à la création d’événements festifs pour créer de la convivialité comme élément essentiel à l’action et fédérer au service d’une action globale (notamment le Festival des Arts Vivants à Clécy, etc…)
  • L’expérience de Jojo, lequel a fondé la ferme de la Bérouette à Caligny, et partipé à la réalisation de deux jardins partagés à Flers,
  • La boutique coopérative « La Halte Paysanne » à Saint-Georges-des-Groseillers, laquelle a été créée par des producteurs locaux, dont Jojo pour vendre des produits bios et locaux en circuit court,
  • Gabriel Poisson, notre philosophe, lequel a créé un potager et accueille des animaux chez un particulier,
  • Vincent Amouret, notre informaticien, lequel a conçu un potager particulièrement productif, inspiré par Eliot Coleman et Jean-Martin Fortier,
  • Nicolas et Ruta Duval, lesquels ont créé l’Epicerie du Coing à Pont-d’Ouilly, un magasin bio en campagne. Ils peuvent nous relater leur installation et nous faire part des activités dont ils font la promotion,
  • Jean-Pierre Glorieux, lequel participe à des ateliers d’écriture, aventures littéraires et poétiques à la campagne. Il fait aussi la promotion régulière du bouturage à partir des nombreuses plantes de son immense jardin,
  • Benoît et Dominique Delomez, lesquels ont lancé avec l’EsTRAde un lieu ouvert au public à Athis de l’Orne pour tous les artistes ou encore pour d’autres manifestations comme celle de l’Apéro Philo. Ils ont aussi organisé depuis de nombreuses années un festival d’art contemporain (ARTerritoire), en plus de la création d’un jardin depuis de nombreuses années, labelisé remarquable,
  • Caty et Gilbert Banneville, respectivement peintre et luthier, lesquels ont lancé une action collective en direction de la jeunesse et des migrants auprès de la CdC Cingal Suisse Normande, sans oublier la réalisation d’un jardin partagé,
  • Annaïg Rivoal et Bruce Dévernois, lesquels se sont lancés dans des projets de forêt jardin, à titre particulier,
  • Bruce Dévernois, avocat libérateur de salariés, à la retraite, lequel s’est lancé dans l’organisation d’un festival de musique rock intitulé «Rolling Pommes », d‘un marché bio et local en circuit court d’une production de cidre familial sans aucun intrant, de la production de miel à toute petite échelle, d’un jardin partagé, d’une résidence d’artistes, le tout dans sa commune de Culey-le-Patry,
  • Cédric Blot, lequel a fondé notamment avec quelques autres, une exploitation agricole résiliente à Saint-Denis-de-Méré en Suisse Normande appelée « Le Petit Village »,
  • etc…

2. Quelques lois et définitions :

La loi de Brandolini ou le principe d’asymétrie du baratin : un défi pour les scientifiques. La loi de Brandolini s’énonce de la façon suivante : “La quantité d’énergie nécessaire pour réfuter du baratin est beaucoup plus importante que celle qui a permis de le créer”. Il ressort de cet adage que la désinformation a un avantage important sur la vérité, car rétablir la vérité est particulièrement coûteux. Le phénomène est amplifié par le développement des réseaux sociaux.

La loi de Poe, du nom de son inventeur Nathan Poe, est un adage décrivant le fait que, sur Internet, sans indication claire de l’intention de l’auteur d’un écrit, il est difficile ou impossible de faire la différence entre un propos réellement outrancier et une exagération volontaire à des fins parodiques.

La loi de Godwin a été énoncée en 1990 par Mike Godwin : « Plus une discussion en ligne dure, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de un. »

En langage internet, un troll caractérise un individu ou un comportement qui vise à générer des polémiques. Il peut s’agir d’un message (par exemple sur un forum), d’un débat conflictuel dans son ensemble ou plus couramment de la personne qui en est à l’origine. Ainsi, on désigne sous le néologisme troller le fait de créer artificiellement une controverse qui focalise l’attention, aux dépens des échanges et de l’équilibre habituel de la communauté.

Le flaming ou flamebait, anglicisme que l’on peut traduire par « propos inflammatoire », est une pratique consistant à poster des messages délibérément hostiles, insultants, généralement avec l’intention de créer un conflit sur un groupe de discussion, un forum ou une liste de diffusion. De tels messages sont appelés flames. Une séquence d’échange de flames est connue sous le nom de flame war. Il s’agit généralement d’une « explication » ou « engueulade » entre contributeurs. Le flaming n’a jamais pour but d’être constructif, d’éclaircir une situation ou de convaincre quelqu’un. La motivation du flaming n’est pas dialectique mais plutôt sociale ou psychologique. Les « flameurs » essayent de s’imposer par la force, l’intimidation, la dissuasion ou la persuasion plutôt que par la discussion.

Le bullying ou harcèlement est obtenu par l’intimidation. L’intimidation est l’utilisation de la force, de la coercition, des taquineries blessantes ou de la menace, pour abuser, dominer agressivement ou intimider. Le comportement est souvent répété et habituel. Les récents développements dans les technologies de la communication viennent compliquer le problème du harcèlement scolaire. Au moyen du « cyberharcèlement » (ou « cyberintimidation », « cyberbullying »), les enfants harceleurs peuvent poursuivre leurs méfaits hors des murs de l’école, anonymement ou pas. Environ entre 10 et 15 % des personnes ont été, une fois dans leur vie, victimes de harcèlement, chez les personnes, ce chiffre monterait à 44 %.

Le sealioning (littéralement « faire l’otarie »), ou la technique du lion de mer est un type de trollage ou de harcèlement qui consiste à importuner des gens par des demandes insistantes d’arguments ou bien des questions répétées, tout en maintenant une apparence de courtoisie et de sincérité. Il s’agit parfois d’invitations à engager un débat, faites de façon incessante et en toute mauvaise foi.

3. L’enfumage de la transition écologique ? Interview de Guillaume Pitron


Guillaume Pitron est un journaliste d’investigation, c’est-à-dire de terrain. Il a écrit deux livres le premier sorti en janvier 2018 intitulé “La guerre des métaux rares : la face cachée de la transition énergétique et numérique”, le second en septembe 2021 “L’enfer numérique : voyage au bout d’un Like”. Guillaume Pitron y évoque notamment la délocalisation de la pollution pour pouvoir être propre et vert dans les pays industriels. Un documentaire doit sortir sur ce sujet bientôt sur ARTE… Son témoignage est particulièrement intéressant. Il propose quelques pistes pour traiter cette dystopie (une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’il soit impossible de lui échapper et dont les dirigeants peuvent exercer une autorité totale et sans contraintes de séparation des pouvoirs, sur des citoyens qui ne peuvent plus exercer leur libre arbitre). Une vision de l’écologie parfaitement iconoclaste et tellement réelle ! Risques de pénuries, études en cours aux Etats Unis, en Europe, en France, risques politiques, politiques des entreprises, sécurisation des approvisionnements, chaînes de valeurs, politiques d’échanges internationaux, embargo chinois, politiques de substitution et de contournement du commerce chinois, politiques d’investissement, variation de marchés opaques, politiques de baisses de prix etc… La transition d’aujourdhui n’est pas écologique ! Déplacement du problème de l’émission de CO2 vers la pollution… Le terrain ne ment pas ! Les enjeux sont considérables ! Croissance, décroissance et emplois… Guillaume Pitron finit pourtant sur une note optimiste… il faut réinventer notre futur…

4. L’importance de la nuance selon le philosophe des siences Étienne Klein


La vérité n’est sans doute pas simple à dire. Et donc la vérité suppose, pour être dite de façon juste, que les propos qui prétendent la nommer soient nuancés.

5. Ungersheim, la ville la plus écolo de France


Transport des enfants en calèche-bus tiré par un cheval de trait. Développement d’une électricité d’origine photo-voltaïque. Production collective et partagée sans pesticides pour nourrir les habitants de la commune. Cantine scolaire bio… Consommation locale grâce à une monnaie locale… Développement d’un éco-hameau avec des produits isolants naturels, toilettes sèches, entraide, etc… Pas d’augmentation des impôts locaux depuis 12 ans…

6. Pr Alain CAILLE, MAUSS, Bien commun et anthropologie du don


Plus personne n’est en capacité de penser la démocratie. La crise première est donc, selon Alain Caillé, une crise morale. Que faire ? Ce qui nous manque ce n’est pas tellement des propositions économiques ou écologiques. Les quatre propositions (libéralisme, socialisme, communisme, anarchie) qui existaient, très antagoniques, ne sont plus à la hauteur des enjeux, parce que ces quatre propositions reposaient sur l’homo économicus. Ce qui nous manque aujourd’hui c’est de refonder une vision politique partageable de l’avenir de l’humanité sans la fonder sur une accumulation sans fin des richesses pour toute l’humanité. D’où la proposition d’une soixantaine d’intellectuels avec le manifeste convivialiste… L’adversaire principal c’est l’hubris, c’est-à-dire la démesure…

7. Qu’est-ce que l’hubris ?


8. A regarder également sous l’onglet “Les Thèmes” le chapitre “Agriculture”

Avec notamment “6 Témoignages d’agriculteurs”, “La permaculture et la ferme du Bec Hellouin”, “La ferme de la Bérouette”

9. Le coin des “retours” des participants de l’Apéro Philo

Le 7 juillet dernier, nous avons reçu ce gentil message sous forme de mail à l’adresse apero.philo.suisse.normande@gmail.com d’un participant à l’Apéro Philo de la veille à Pont d’Ouilly :

Chers néophilosophes, C’est avec grand plaisir que j’ai fait votre connaissance et partagé cet apéro philo avec votre tribu !! Je tenais à vous faire part de ma réflexion suite à cette nouvelle expérience. J’ai trouvé ce groupe plutôt hétéroclite et j’ai eu le sentiment que deux groupes se dégageaient : les optimistes et les pessimistes (dont je fais partie). Aujourd’hui, après réflexions, je me suis dit que ces deux entités, aussi opposées soient elles, étaient une base solide pour construire de meilleurs lendemains. La force créatrice des optimistes et l’ancrage dans le réel des pessimistes me semblent être les fondations nécessaires d’un édifice solide pour les épreuves qui nous attendent ! Alors, continuez votre labeur, votre route, réinventez l’arbre à palabre, pour que les optimistes et les pessimistes, ensemble, construisent le monde de demain ! Au plaisir de vous retrouver prochainement ! « Philosophiquement » XXX

10. Compte-rendu de la séance Apéro Philo du 19 octobre 2021 à l’EsTRAde.

Emmanuel Becker souhaite au nom du collectif Ataraxia, la bienvenue à la trentaine de personnes venues pour cette nouvelle séance Apéro philo sur le thème « Face à l’urgence climatique : dire, faire savoir et agir ensemble ». Il remercie chaleureusement Dominique et Benoît DELOMEZ pour leur accueil dans ce magnifique lieu qu’est l’EsTRAde, lieu dédié aux expositions d’art contemporain et, pour la première fois, aux échanges tels que la rencontre de ce soir-là. Puis, Emmanuel passe à l’introduction suivante qui a pour objectif de lancer le débat :

Le rapport du GIEC est édifiant : 4000 pages ! Nous vivons actuellement la période la plus chaude depuis 1000 ans ! Il s’agit d’une rupture. Période de référence : l’ère pré industrielle (1,1° + chaud aujourd’hui). On peut faire le lien avec les éléments extrêmes (qui certes ont toujours existé mais qui sont en nette augmentation tant en nombre qu’en puissance). Les faits sont alarmants. Quel futur possible ? Nous sommes déjà les générations futures ! Une ampleur de la perturbation est à craindre. +2° en 2050 ! Il s’agit d’une perturbation jamais vécue depuis 300 000 ans (apparition de l’homo-sapiens). Croire à l’adaptation de l’espèce humaine en si peu de temps est une hypothèse plus qu’hasardeuse. Nous vivons déjà le changement climatique. La génération actuelle est déjà concernée ! L’homme en est la cause.

Où va-t-on ainsi ? Chaque fraction de degré compte : or maintenir entre 1,5 et 2° relève déjà du pari. Le rapport est un plaidoyer pour l’action ! Or comment agir pour favoriser l’action ? Décarboner notre économie, notre vie. Il existe des seuils de tolérance : dans certaines régions du monde, le seuil est déjà atteint. Et ce constat est irréversible. On peut limiter l’augmentation de la température globale en diminuant, voire en stoppant complètement, la consommation d’énergie carbonée. On assiste à la désoxygénation et acidification de l’océan et l’augmentation du niveau de la mer est irréversible.

Deux injonctions s’imposent : adaptation ou atténuation (éviter ce qui peut devenir ingérable). La solution réside de fait dans la neutralité carbone. Signe des temps, les grands groupes industriels et commerciaux commencent à s’y mettre. Certes, le greenwashing existe ! A notre niveau individuel ou collectif associatif, privilégions l’empowerment. Pour lutter contre le changement climatique, ne pas compter que sur la morale. Besoin d’une conscience agricole (ex. élevage et gaz à effet de serre)… La PAC n’a rien pris en compte, on est dans l’héritage de la monoculture extensive au sortir de la guerre. Or on assiste à un changement de paradigmes ! Aller vers une agriculture paysanne régénérative serait une solution ! Il y a un lien réel entre biodiversité et climat. Il est important de maintenir une variété des espèces animales et végétales. Si on agit maintenant, il y aura des effets à moins de 10 ans. Il importe de valoriser les vertus du recyclage des déchets qui constitue un gros enjeu : y compris panneaux solaires, éoliennes, batteries électriques…

Il nous faut mettre au même niveau tous les enjeux : environnementaux, financiers, économiques, sociaux… Importance de former aux enjeux de la transition. Faire entrer cette donne dans la gouvernance de l’entreprise : en faire un challenge, une stratégie ! Il existe des solutions vertueuses un peu partout ! Ici, aussi, localement ! Le faire savoir et s’en inspirer ! Mais comment transformer en profondeur la société afin de ne pas avoir seulement à gérer l’urgence ?… L’urgence climatique et écologique nécessite un changement notable : adopter une pensée holistique (cf. économie circulaire : location, économie du partage…). Un nouveau mode de pensée systémique émerge (interdépendance des systèmes). Il s’agit d’adopter une pensée complexe et non linéaire car il n’y a pas de solution unique ! Il importe de décloisonner les sujets : ex. envisager climat ET biodiversité. Comprendre l’interdépendance des systèmes. L’environnement est un problème global. Penser en tenant compte des lois du vivant.

Entrer dans une logique de coopération et de solidarité : créer plus de cercles, d’interrelationnel, de groupes de parole, d’économie régénérative, être davantage dans la contribution, la mutualisation et le partage. La technologie n’est pas la solution. La lowtech est néanmoins une piste. Mais ça ne reste qu’un outil. Le facteur humain est la clé ! Sensibiliser, faire connaître, faire comprendre les enjeux pour atteindre un niveau de conscience, comprendre les ordres de grandeur (différence entre climat et météo).

Le climat désigne l’ensemble des facteurs météorologiques (des variables de surface comme la température, les précipitations et le vent) qui caractérisent un endroit donné, pendant une période donnée. La météo est l’évaluation du temps qu’il fait ou qu’il va faire à très court terme.

Comment donner espoir en l’avenir ? Choisir la voie du milieu (entre effondrement et capitalisme) ? Nourrir la sobriété heureuse ? Créer du collectif et faire société ensemble. Susciter l’espoir. Construire des utopies concrètes. Prendre soin de la relation. A force de faire, on a oublié d’être ! Nous sommes des êtres-humains, pas des faire-humains ! Comment transformer la société vers des entreprises régénératives ? se connecter individu à individu, cultiver l’empathie, prendre soin de soi et des autres, avoir conscience du changement intérieur, de notre relation à soi-même et aux autres, avoir conscience de nos privilèges, aller vers du slow-business… Prendre en compte le facteur de risque. Les comportements sont responsables à 75% des maladies et non les gènes ! Le mode de vie est essentiel. Le stress au travail, les problèmes de climats, le changement de société, l’évolution des individus… Pourquoi une telle résistance au changement ? Il n’y a pas de débat de conviction ! 80% des gens sont convaincus que l’on va dans le mur ! Pourquoi n’y a-t-il pas plus d’action ?!

La notion du colibri n’est plus suffisante ! L’énergie collective importe. Toutes les disciplines se structurent en transdisciplinarité. Croiser les disciplines, c’est changer la façon d’appréhender la recherche (Jean JOUZEL, climatologue). Le stress principal de l’humain est lui-même ! Tension intérieure forte, perte des sens = incohérence, frustration, découragement, violence envers soi (dépression)… Neurosciences.

Qu’est-ce qui fait que l’on change ? Comprendre comment ça marche ! Là encore, faire preuve de pédagogie… On est soi-même le théâtre de ses propres conflits intérieurs. Nous aurions besoin d’un « GIEC du comportement ». Cela nécessite une vraie volonté ! Selon des études sur le bonheur, ce qui rend heureux, c’est la relation… la confiance en soi, en l’autre/quête de sens/pourquoi on est là. Cf. « Le Bug humain : Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher » de Sébastien Bohler, Robert Laffont. Bug addict. Dopamine. Mécanisme utile pour survivre. Les endorphines sont à l’origine de nos vrais plaisirs (confiance, créativité). La société est malheureuse par ignorance.

Il y a urgence de partager les connaissances (Exemple de la Scandinavie sur l’humain : véritable cours d’empathie, intérêt des groupes de parole. Pas besoin de prof ! (Non jugement, ne pas se couper la parole…)). Partager plus, ça ne coûte rien mais ça rapporte beaucoup ! Se dire : « Pourquoi je me lève le matin ? ». Evaluer rapidement : cela nous appartient, coopérativement, parler avec ceux qui veulent donner envie aux autres. Une société qui comprend tout ça change inéluctablement.

La décroissance est-elle une porte de sortie ? La décroissance est le contraire de la croissance. Or il est nécessaire de choisir sa propre voie, libérée des autres ! Inventer un nouveau modèle plutôt que de se construire dans l’opposition ! Par l’épanouissement de soi-même, on s’ouvre aux autres. Viser la sobriété heureuse. Le schéma actuel est à déconstruire. Devoir d’honnêteté pour être aligné, en congruence. Le déchaînement de malhonnêteté génère le contraire de la confiance (cf. le greenwashing). Devoir d’inspiration et de donner de l’espoir. Donner envie et créer de l’adhésion.

Créer un futur désirable nécessite de l’honnêteté. L’urgence est là : les premières victimes sont les plus vulnérables. Comment imaginer un nouveau développement ? Aller sur des modes de consommation moins carbonés. Qui accompagne ? Comment on passe d’une agriculture intensive à une agriculture régénérative ? Accepter la transition en somme ! Nous ne payons pas le prix de notre alimentation ! Travail pédagogique à faire de ce que coûte réellement ce que l’on mange (divisé par 3 après-guerre). Enfin, « Développer l’art d’aimer » Pierre RABHI…

NB : Cette introduction a été rédigée à partir d’interventions de Christophe CASSOU, rapporteur du GIEC, Amélie ROUVIN, directrice développement durable fondatrice d’EChOSOPHIA, du Dr. Jacques FRADIN, médecin comportementaliste et de Pierre RABHI.

Emmanuel a amené une pile de livret « le P’tit Suisse Normand » qu’Annaïg devait présenter, mais elle n’a pas pu venir… Ce guide élaboré par l’association A.R.B.R.E.S (Association Réseau Bio Responsable Ecologique et Solidaire en Suisse Normande) recense une soixantaine de structures écoresponsables du territoire rural au sud de Caen (sur 5 communautés de communes, dans un rayon de 30 kms autour de Thury Harcourt - le Hom). Il est diffusé gratuitement sur le territoire en cette fin d’année à 3000 exemplaires. Il sera ensuite disponible sur le site internet en version numérique. L’élaboration de ce guide est le fruit d’un travail de plus de 11 mois d’une équipe de 11 bénévoles citoyens et 1 stagiaire avec l’appui de l’association Normandie Equitable pour l’élaboration des valeurs du guide et de la monnaie citoyenne Rollon pour la partie graphique. Le projet a été financé en partie par une subvention de la Région Normandie et en partie par les fonds propres de l’association (adhésions, dons). L’association est également subventionnée par le Département du Calvados et la mairie du Hom. Pourquoi ce guide ? Notre territoire rural est riche de multiples initiatives remarquables, répondant à nos valeurs écologiques, sociales et solidaires, dans de nombreux secteurs d’activité. Cependant, certaines initiatives ne sont que peu relayées en termes de communication. Il s’agit donc de lister toutes ces initiatives et les réunir en un seul et même guide, qui sera mis à disposition gratuitement sur l’ensemble du territoire. Ce guide, le P’tit Suisse Normand en référence à notre territoire, se veut un outil d’émancipation pour tout.e.s, qui permettra d’identifier facilement les solutions alternatives qui s’offrent à chacun.e d’entre nous et de contribuer aux changements de comportements. Il s’agit de sensibiliser le public aux enjeux climatiques et écologiques en les incitant à la consommation responsable et locale, privilégiant le circuit-court et les acteurs écoresponsables (que ce soit dans l’alimentation durable et bio, la mobilité douce, la réduction des déchets, la protection de la biodiversité…). L’objectif est aussi de développer le réseau des acteurs écoresponsables locaux…

Ensuite, les participants sont invités à réagir aux pistes suggérées et aux interrogations lancées par Emmanuel. Le propre de la philosophie est plus de questionner que de donner des réponses.

Plusieurs participants évoquent leurs expériences, chemins de vie, notamment Jojo qui ouvre les discussions sur la proposition de Bruce en disant qu’il a peu d’espoir que les autorités réagissent, mais que cela ne l’empêche pas d’agir à son niveau (pessimiste réactif). Ainsi, des sujets émergent : comment sensibiliser les plus fragilisés socialement et psychologiquement quand il est déjà difficile de survivre au quotidien ? Vivre en communauté sur un même lieu en partageant les compétences et les moyens est déjà une réponse. Cela dit il convient d’entraîner aussi la population en souffrance et déjà largement nécrosée, ce qui n’est pas une mince affaire (les rapports du GIEC sont pour les sachants et les savants et non pas pour le commun des mortels)… Déjà, nous les sachants, on a du mal à évoluer, alors la population des quartiers… Une large partie de la population est en rupture avec les saisons, la terre, la bonne bouffe, les légumes, les goûts… Pour les rattacher à cela comment faire ? Notamment par le biais des jardins partagés que Jojo a la chance d’animer pour certains d’entre eux… S’intéresser à leurs enfants également est nécessaire si l’on souhaite faire bouger les choses.

Caty intervient aussi à propos des restos du cœur et de la collecte à la sortie des supermarchés. En particulier elle cite le savon noir et le vinaigre pour faire le ménage qui sont à la fois peu polluants et moins chers, mais peu ou pas utilisés par les gens ; se pose alors la question de leur éducation, qui passe, selon Gilbert, par la mise en place de cours d’éducation et de formation principalement des jeunes générations. Cela dit il faudrait aussi faire des cours de déchiffrage et de remise en cause de la publicité. Compliqué ! La série coréenne Squid Game qui fait fureur en ce moment est particulièrement néfaste pour les enfants et est d’ailleurs interdite au moins de 16 ans. Pourtant dans les maternelles, celui qui loupe le jeu « 123 soleil », prend une véritable « tarte dans la gueule ». Jojo note que les gosses à l’école n’ont pas attendu les séries pour être violents !

Isabelle signale qu’au Bouthan, le gouvernement a inventé le Bonheur National Brut en lieu et place du PNB (Produit National Brut) et a lancé notamment des cours de maraîchage et de jardinage. Thierry, interpellé, n’a pas de solutions, si ce n’est des solutions par petits groupes comme l’Apéro Philo… Sybille cite le cas du développement local notamment dans les arts avec le Festival des Arts Vivants à Clécy, en circuit court, supposé amener les gens à réfléchir et agir. Elle cite également le cas de l’AMAP de Thury-Suisse-Normande. Euxane trouve tout cela très intéressant, mais critique le pouvoir et l’argent et se demande comment développer toutes ces actions.

Catherine lit alors un poème de sa création en expliquant que le vivant doit être en premier lieu davantage respecté. Il importe, selon elle, d’en venir au sacré de la vie. Sylvia présente ensuite la forêt jardin comestible plantée à Mélogis avec l’aide de Silva Domesticus (notamment fournisseur d’arbres et arbustes) et de nombreux planteurs (tous les amis, lesquels viennent ramasser également les pommes à cidre pour faire du cidre millésimé qui peut être goûté sur la table d’Apéro Philo). Sylvia explique que les arbres communiquent entre eux (cf. le livre de Peter WOHLLLEBEN « la vie secrète des arbres »). Elle invite les gens à venir se servir de fruits quand les arbres de la forêt jardin auront poussé dans le futur avec la réalisation aussi d’une mare pour la biodiversité et d’une aire de patates partagées avec le voisin anglais…

Jojo pense que par l’alimentation, on peut changer les habitudes des enfants. Michelle pense que l’on peut aussi change les habitudes des enfants progressivement en les sensibilisant sur beaucoup d’autres sujets notamment sur les éoliennes. Gabriel pense également que les communes peuvent sensibiliser les enfants via l’alimentation. Cela dit il y a plein d’inégalités qui ne sont pas traitées notamment juridiquement. Emmanuel croit à la vertu de l’exemple. Alain note également que lorsque l’on est assez nombreux, le pouvoir du consommateur n’est pas tout à fait nul. Il pense aussi que l’on ne peut pas faire les choses avec les enfants sans mouiller les parents. Il faut se départir de sa toute puissance et savoir rester humble. Quand on associe les parents, et bien cela marche ! Il faut le faire ! Sauf peut-être avec des adolescents… Quand on partage ce qui est bon, ce qui est vrai, ça marche toujours !

Franck est en train de lire le livre Le Bug humain de Sébastien BOHLER : « pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher ». Il note que l’être humain ne s’arrête pas de fumer pourtant il sait qu‘il augmente son risque de cancer ! Comment se fait-ce que malgré le fait que l’on connaisse ce qui déconne on ne s’arrête pas ? Une fois que l’on a pris conscience d‘une chose que faire pour agir ? Franck note qu’il faut faire tout ce qui a été dit auparavant mais que cela ne suffit pas. Selon lui, il faut arriver, en plus de la conscientisation, à faire en sorte que 15 % des gens changent de comportement et cela suffit alors en général pour entraîner les autres. Pour cela, Franck propose de jouer ensemble au jeu de la « Fresque du climat » (jeu monté par un rapporteur du GIEC) qu’il a déjà testé dans le cadre de son entreprise qui a laissé une initiative locale se développer en son sein. Après avoir rapidement expliqué comment ce jeu fonctionne (gratuitement), il propose de monter une session ouverte à tous. Ensuite, après un partage de la situation globale, on y découvre plein de choses à faire notamment à notre niveau…

Gabriel, ensuite, évoque le débat sur la technique et la science. Tout cela se réduit la plupart du temps à un questionnement moral… S’ensuit une large discussion sur les actions individuelles possibles et leur impact sur les émissions de carbone. Avec une critique du pouvoir central. Jojo aimerait connaître ce qu’il risque dans plusieurs cas de désobéissance civile (une rencontre avec un juriste lui semble nécessaire). Le mouvement « Extinction Rébellion » (connu sous le nom de XR) est alors longuement évoqué.

Ensuite, les participants échangent sur les actions plus ou moins collectives qui peuvent être conduites. Caty évoque en particulier un réseau de jardin partagé à Clécy avec 14 familles lequel fonctionne bien. Elle parle de la négociation qu’elle conduit actuellement avec la mairie de Clécy pour donner de la terre en vue de développer ce type d’initiative… Emmanuel souligne qu’il y a plein de choses qui se font et que l’on ne connaît pas forcément… Il pense que les réunions sont l’occasion de se réunir, de connaître différentes initiatives, d’apprendre à se connaître et de trouver de nouvelles façons d’agir ensemble. Jojo évoque les « Croqueurs de pommes » et le fait que de communiquer sur les pommiers et de donner l’occasion aux enfants d’emmener des pommes fait boule de neige auprès de leurs parents et qu’ensuite il est possible de planter des pommiers dans différents endroits appartenant à tout le monde.

D’autres initiatives sont citées telles les actions de collectifs locaux des Sonorines à Sainte-Honorine-la-Guillaume, le K-RABO à Rabodanges, les nouveaux paysans, le « Petit Village » à Saint Denis de Méré qui vise l’autonomie de vie de ses habitants, etc.

Nos hôtes, Dominique et Benoît DELOMEZ, partagent ensuite leur réalisation du jardin intérieur à ciel ouvert sur une ancienne décharge à ordure située sur une série de sources qui ont été mises progressivement en valeur en prenant en compte le bocage normand et l’aspect minéral avec le développement d’une forte biodiversité et l’acclimatation de nombreuses plantes venues d’ailleurs (dont 136 sortes de fougères différentes) en plus des plantes endémiques (récemment classé jardin remarquable par le ministère de la Culture). Ce jardin est ouvert à la visite et à la flânerie (beaucoup de bancs où s’asseoir…), l’idée étant d’être en contact avec le végétal et le son induit par l’eau qui ruisselle et chante différemment selon les endroits ainsi qu’avec le beau induit par le végétal (c’est la plante qui fait œuvre). Dominique évoque également l’association Vertigo et le projet ARTerritoire qui promeut l’art contemporain en milieu rural sous une forme de rencontres volontaires ou involontaires avec un local (bâtiment datant de 1911 - l’EsTRAde) réhabilité pour accueillir des artistes en résidence et dans des ateliers partagés dédiés à la photographie et la vidéo, mais aussi des parcours d’art, des rencontres et partages comme l’Apéro Philo (endroit mis à disposition gratuitement), et également des concerts de musique (il y a une scène), voire d’autres manifestations… Dominique présente deux artistes étant intervenus l’un sur la beauté de nos paysages, l’autre sur la « Vallée de la mort » (problématique de l’amiante avec l’anecdote d’un oiseau ayant construit un nid bleu, avec des fils et feuilles d’amiante), puis Théo, stagiaire étudiant en 4ème année aux Beaux-Arts du Mans (qui restera environ 2 mois à l’EsTRAde), présente rapidement son sujet d‘étude sur l’éco-anxiété des jeunes par rapport au dérèglement climatique (il est né en 2000) en essayant d’en apprendre plus en matière d’actions individuelles comme collectives auprès des participants de l’Apéro Philo…

La séance se termine sous les applaudissements nourris de l’assistance.

Un pot de l’amitié (chacun ayant apporté qui des boissons, qui du solide) est partagé ensuite avec la projection d’une musique enregistrée de façon originale avec des artistes du monde entier jouant ensemble à partir de leurs pays respectifs avec un mixage approprié (« Playing for change »). Cette association de partage (notamment DVDs en vente sur internet) vise à financer l’ouverture d’écoles de musique et de danse dans le monde entier (pays dits en développement) en vue d’accueillir des enfants défavorisés…

Lors de ce pot, y est notamment discuté du thème du prochain rendez-vous d’Apéro Philo avec la mise en perspective de la question du « vivant » dans l’environnement… Mais l’annonce en sera faite prochainement après la réunion à venir et la décision de notre collectif Ataraxia.