Pour cet Apéro Philo, nous vous conseillons de prendre connaisssance, au moins par la lecture des résumés de présentation, des documents ci-dessous :

1. Figuration et défiguration du monde


Guillaume Erner, journaliste et sociologue reçoit et interviewe sur France Culture le professeur au collège de France et anthropologue, Philippe Descola, lequel est l’auteur de multiples ouvrages. En particulier, Philippe Descola a remis en cause l’opposition entre nature et culture avec en son centre la notion d’altérité avec une expérience notamment chez des indiens d’Amazonie… La façon de voir le monde dépend de la figuration visible des objets que chacun ou chaque société a… Du coup, les rapports entre l’humain et le non humain varient beaucoup d’une société à l’autre… Certaines images nous émeuvent, d’autres beaucoup moins… Ce que nous voyons dans les musées, ce sont des objets inanimés (images endormies)… Les émotions sont tout-à-fait centrales… Le deuil pose des problème différents selon les cultures : dans certaines les morts sont bannis, dans d’autres les morts sont célébrés… Du coup, les choses peuvent être influencées par les images, par l’art, par la peinture…

2. Comment vivre parmi les autres ?


Retour au vivant qui nous entoure et à l’émerveillement avec Baptiste Morizot, écrivain et maître de conférence en philosophie à l’université d’Aix-Marseille. Il consacre ses travaux aux relations entre l’humain et le vivant et valorise particulièrement la pratique de terrain, à commencer par le pistage, notamment du loup. Il a publié “Manières d’être vivant” (Actes Sud, 2020), où il plaide pour une transformation de nos manières de vivre et d’habiter en commun pour réapprendre, comme société, à voir que le monde est peuplé d’entités prodigieuses, notamment des oiseaux à des espèces végétales ou bactériennes…

3. Rencontre avec Cyril Dion à propos de son film “Animal”


Cyril Dion présente son nouveau documentaire, “Animal”, dans la section cannoise “Le cinéma pour le climat”. Il parle notamment de la réaction de deux jeunes (une anglaise -campagnarde- et un français d’origine tamoul du Sri Lanka –urbain-) face à la question animale… avec une présentation du pays, le Costa Rica, qui a reforesté avec succès une grande partie de son territoire. Il y parle aussi de sa rencontre avec Baptiste Morizot qui plaide pour que soit reconnu un droit à vivre pour les animaux de cette planète identique à celui des humains…

4. Vers des guerres climatiques ?


Avec notamment la fonte de la banquise arctique, l’épuisement des ressources, la raréfaction du pétrole, le réchauffement de la planète va-t-il engendrer des guerres du climat ? Jean-Michel Valantin, docteur en études stratégiques, chercheur à la Red Team Analysis Society, et auteur de “Géopolitique d’une planète déréglée”, répond longuement à cette question… il y indique notamment comment les militaires américains (diférents de la CIA) s’approprient depuis le début du 21ème siècle les conséquences stratégiques du changement climatique en essayant de les projeter (tension sur l’eau, dévastation des infrastructures) non seulement en termes d’interventions militaires mais aussi en termes d’aides aux populations dans le besoin… Quelles formes prendront les institutions lorsque tout cela va s’effondrer : une évolution à la Mad Max ? Il insiste notamment sur la nécessaire recherche des combinaisons et enchaînements de facteurs qui ont déclenché par exemple le drame syrien (apparemment il démarre à partir des tensions sur l’eau liées à la sécheresse et à l’introduction de la culture du coton au début des années 2000…). Les causes du piratage en Somalie sont ensuite largement développées. Les situations de l’Inde, de la Chine, du Pakistan, du Vietnam sont ensuite passées en revue notamment à partir des tensions à venir sur l’eau, mais pas seulement… Puis sont analysées les conséquences de la fonte de la banquise sur les équilibres économiques et stratégiques dans l’Atlantique Nord (avec notamment l’arrrivée de la Chine)…

5. Une terre inhabitable ?


Fonte des glaces, augmentation des températures, disparition des forêts : l’homme bouleverse le climat de la planète. D’où la question : l’habitabilité de la terre est-elle menacée ? Hervé Le Treut, climatologue, professeur à Polytechnique, ancien membre du GIEC et ex-directeur de l’institut Pierre Simon Laplace, une organisation qui regroupe des centaines de chercheurs et d’ingénieurs travaillant sur l’évolution du climat, répond à cette question. Il indique notamment qu’avec le réchauffement climatique, de nombreuses régions deviendront inhabitables. D’où un problème d’inégalités selon les régions du monde, inégalités qui vont générer probablement beaucoup de troubles. Des évènements météos plus violents, plus répétés vont se multiplier. Le monde à nos latitudes deviendra plus difficile à vivre et surtout plus imprévisible. Au niveau des tropiques, la vie deviendra impossible. On peut craindre le pire pour la forêt amazonienne qui de toute façon ne repoussera pas. Le réchauffement climatique devient de plus en plus irréversible… Bien que le méthane disparaisse beaucoup plus vite que le CO2, il faudra qu’on s’en occupe de toute façon parce qu’on en émet de plus en plus. Les courants océaniques jouent un rôle important sur le climat, mais on ne sait pas très bien tout modéliser… L’acidification des océans peut conduire à faire perdre du vivant en son sein, mais n’aura pas forcément un impact sur la capacité des océans à absorber du CO2… Les boucles de rétro-action les plus fortes sont en premier lieu la production de vapeur d’eau qui représente un gaz à effet de serre majeur. Vient ensuite la boucle de rétro-action de la fonte des glaces, notamment au pôle nord, avec un réchauffement irréversible des océans, en premier lieu de l’océan articque. Troisième menace : la fonte du permafrost avec des doutes sur le devenir du méthane libéré à cette occasion. La modélisation est difficile, mais les modèles sont dans l’épure s’agissant du réchauffement climatique au cours des 20 dernières années… Il y a quand même urgence à régler le problème des émissions de gaz à effet de serre. Ce n’est pas la fin du monde, mais ça ne veut pas dire qu’il ne va pas y avoir beaucoup de changements. A l’échelle de la région Aquitaine, il y aura des choix à faire, avec notamment le problème de l’eau et la construction nécessaire de barrages. La montée des eaux menace en particulier l’estuaire de la Gironde et le bassin d’Arcachon. Il y a une phase d’alerte qui a bien marché avec les politiques, mais les solutions sont peu écoutées. Il faut que la communauté scientifique s’atelle à résoudre cet enjeu… Il y a quelques raisons d’être optimistes, mais il y en a autant sinon plus d’être pessimistes…

6. Métaux rares : un risque de pénurie ?


Emmanuel Hache, économiste spécialisé dans les matières premières répond à la question : quelle est la place des métaux rares dans la transition énergétique et numérique ? En effet, les énergies renouvelables, le solaire, l’éolien mais aussi les batteries, les smartphones, toutes ces technologies sont très gourmandes en métaux rares. Dans un smartphone, il y a de l’indium qui vient de Chine, il y a du cobalt qui vient de République Démocratique du Congo, du lithium du Chili, du cuivre du Chili, et dans la carte électronique, on trouve de l’argent qui vient souvent du Mexique, de l’étain chinois, de l’or chinois, du platine et du palladium qui viennent d’Afrique du Sud, du tantal du Rwanda, du tungstène de Chine. Aujourd’hui, on est complètement dépendants des métaux, notamment rares, et cela remplace quelque part la dépendance qu’on avait au pétrole. Par exemple le Chili qui connait en 2017 de grandes grèves de cuivre et qui fait que le cours mondial explose, parce qu’un quart des ressources en cuivre de la planète y sont concentrés, ou la Chine qui refuse en 2011 à la suite d’un conflit territorial, de vendre des métaux rares (ou terres rares) au Japon… Ce sont des exemples qu’on risque de voir se multiplier dans les années qui viennent. La demande, tous métaux confondus, augmente substantiellement. Dans un récent rapport du Conseil économique, social et environnemental, on peut lire : “il resterait dans le monde, dans l’état des réserves actuelles : 18 ans de chrome, 20 ans d’étain, 30 ans de nickel, 33 ans de manganèse, 38 ans de cuivre, 60 ans de cobalt. On risque de voir à court ou moyen termes des pénuries sur des métaux y compris assez familiers comme le nickel, l’argent ou le cuivre. Sur le cuivre, c’est un métal qui nous est familier, il est présent dans les caténaires, dans les tuyaux, même les marmites de nos grands-mères. Même s’il est en partie substituable, le problème va se reporter sur d’autres métaux… On a parlé du facteur de criticité géologique, mais pour qu’une mine soit rentable, il faut qu’il y ait suffisamment de minerais et dans des quantités importantes. On court donc le risque que certains métaux ne soient plus exploités pour des raisons économiques. Sachant qu’une des industries qui utilise beaucoup de métaux rares, c’est la Défense, il y a une grande vulnérabilité stratégique de la part des puissances militaires. Guillaume Pitron (voir interview dans le précédent Apéro philo) qui a écrit la guerre des métaux rares cite cette formule, «les Français ne vendent pas du raisin, mais du vin ; la Chine de la même manière ne veut plus vendre des métaux, mais des batteries… voire des véhicules». L’Europe fait peu sur ces sujets-là. Cette question des métaux est mal comprise par le monde politique. L’Europe est particulièrement dépendante aux métaux après avoir été particulièrement dépendante au pétrole… Quand on regarde les grands pays miniers : l’Australie, le Congo, le Chili, la Chine, la Russie, aucun de ces pays ne se trouve en Europe. L’extraction minière est un procédé particu!ièrement sale et polluant. De plus, dans les régions sèches ou chaudes comme les salars en Amérique du Sud ou le désert d’Atacama au Chili, on n’a pas assez d’eau disponible pour l’exploitation… Quand on voit l’exploitation des mines d’étain en Indonésie ou quand on voit le documentaire de Guillaume Pitron sur l’exploitation des métaux en Chine, il y a des images surréalistes, où l’on se croirait sur Mars… tellement ces environnements miniers sont pollués. La concentration des métaux dans les mines est de plus en plus faible. Il y a une hypocrisie occidentale : on veut faire des éoliennes, des panneaux solaires, on veut des téléphones, des ordinateurs, des véhicules électriques, mais en revanche on n’accepte de moins en moins des mines chez nous. La question du recyclage des métaux se pose. Cela dit quand on voit que dans une voiture Tesla il y a une centaine de kilos de cuivre, ça veut dire qu’on ne peut pas avoir un milliard ou deux milliards de voitures électriques. Il faudrait aussi qu’on ait beaucoup moins de smartphones. Ça veut dire, d’une façon générale, qu’il faudrait être radicalement plus sobres…

7. Pablo Servigne : Effondrement versus Éco-anxiété


Pablo Servigne ingénieur et fondateur de la revue Yggdrasil indique en particulier que les effondrements (et non pas l’effondrement) peuvent se produire de façon rapide et irréversible. Et pourtant il est possible d’être à la fois conscient des urgences (notamment climatiques) et de rester joyeux… Quand on n’est pas capable d’être les deux à la fois, on peut devenir rapidement éco-anxieux… Pourtant, il est nécessaire de ressentir cette éco-anxiété pour avancer tout comme il convient de beaucoup échanger avec les autres pour diminuer cette anxiété face à ce que Pablo appelle la collapsologie… L’écologie, c’est l’extension du social au non humain… Trois conseils pour ceux qui sont atteints d’éco-anxiété : d’abord parler, parler, parler aux proches, ensuite aller voir un spécialiste, enfin passer à l’action (joie d’agir ensemble)… Un bonus : lire Yggdrasil 12 numéros avant sa disparition…

8. Hydrogène : on aimerait y croire mais ce n’est pas si simple !


Renaud Roubaudi reçoit Louis-Pierre Geffray, étudiant ingénieur en 5ème années à l’Estaca et spécialisé dans la propulsion électrique et les problématiques environnementales, qui nous parle des avantages et des faiblesses de l’hydrogène. Il y a plusieurs sortes d’hydrogène, vecteur énergétique. Aujourd’hui 90 % de l’hydrogène mondial est produit à partir d’énergie fossile, donc avec une émission de gaz à effet de serre. L’hydrogène vert est produit à partir de l’électricité verte (bas carbone). 50 kwh d’énergie électrique contenue dans les batteries d’une Zoé permettent de faire environ 300 kms. Il faut produire l‘équivalent de 150 kwh en hydrogène vert (par électrolyse) pour arriver au même résultat en nombre de kms parcourus (soit environ 300 kms) grace à une pile à combustible qui retransforme l’hydrogène ainsi obtenu en kms. Donc, compte tenu des déperditions liées aux transformations via l’hydrogène vert, il faut trois fois plus d’électricité verte : soit environ 3 fois plus d’éoliennes ou de panneaux solaires… Donc la solution de l’hydrogène vert pour les voitures, n’en est pas une… On peut faire de l’hydrogène dit bleu à partir d’énergie fossile où l’on capte le carbone et on le stocke pour qu’il n’aille pas dans l’atmosphère. Mais cela a un coût économique et en plus on tape dans les ressources de gaz et de pétrole dont on sait qu’on a dépassé le pic de production… Reste l’hydrogène dit turquoise obtenu à partir du méthane (dans le fonds des océans, à condition de savoir l’exploiter en évitant les fuites) qui permet de produire d’un côté de l’hydrogène et de l’autre du carbone noir dont on peut se servir pour colorer les pneus. Mais il faut d’énormes quantités de chaleur dont Louis-Pierre dit qu’elles pourraient être tirées des centrales nucléaires pour les refroidir. A ces conditions, produire de l’l’hydrogène turquoise serait intéressant… Enfin il y a l’hydrogène jaune à partir de l’énergie nucléaire… La batterie est, elle, plus efficiente, parce que recyclable, mais avec un coût et des pollutions… Sans compter le contenu en carbone de la production des véhicules en tant que tel, ni le coût de distribution ainsi que les difficultés de stockage de l’hydrogène (très difficile)…

9. Iter et la fusion - Visite du chantier du plus gros tokamak du monde


La visite du chantier d’Iter (le plus grand tokamak du monde, fruit d’une coopération internationale et donc sans secret de fabrication) est indispensable pour comprendre la fusion nucléaire et se faire une opinion fondée s’agissant tout particulièrement de ce sujet… C’est l’une des machines les plus complexes en cours de réalisation, où la précision côtoie le gigantisme et des températures extrêmes. La fusion est capricieuse à obtenir, difficile à maintenir et dégage une énergie bien supérieure à celle qui est consommée pour la produire et apparemment avec beaucoup moins de déchets que dans un système classique nucléaire…

10. Comment et pourquoi nourrir les oiseaux du jardin ? Avec l’ornithologue Valery Schollaert


Quelles que soient les motivations pour nourrir les oiseaux, il y a trois règles absolument essentielles :

1 - Ne jamais donner de “boules de graisse” du commerce pour les mésanges. C’est du poison toxique. Notez que les filets (en plastique et donc encore source de pollution) ne sont pas sûrs non plus, et les oiseaux se prennent parfois (rarement) les pieds dedans, entraînant une blessure, voire la mort. Toute nourriture transformée perturbe les mécanismes naturels de l’oiseau.

2 - Ne jamais donner de pain, c’est également toxique.

3 - Ne pas arrêter brutalement le nourrissage. C’est un peu moins évident mais essentiel. On a constaté que les oiseaux “comptent” sur votre nourriture si vous en donnez tous les jours. Ils se lèvent donc plus tard car certains d’avoir de quoi manger. Si vous arrêtez brutalement en hiver ou durant des intempéries, il est possible qu’ils ne trouvent pas d’alternative suffisamment vite et en meurent !

L’humain ne pense pas assez souvent aux conséquences de ses choix, et le résultat est une biosphère en pleine décrépitude, des populations animales en chute libre et la biodiversité en berne. Les personnes qui nourrissent les oiseaux devraient le faire avec respect. Pour ne pas affecter les autres oiseaux (pas seulement les individus nourris) et leurs habitats, il est important de choisir une nourriture végétale et bio. Les pesticides tuent les oiseaux dans les champs, et la nourriture d’origine animale détruit les habitats naturels. C’est à retenir quand vous nettoyez la mangeoire, ce qui ne devrait être fait qu’occasionnellement : évitez d’utiliser des produits bactéricides ou des désinfectants chimiques, toujours polluants pour l’écosystème et les oiseaux. L’eau chaude fait parfaitement l’affaire.

En pratique, l’idéal est de donner des graines de tournesol bio, ou d’autres graines également non traitées. Dans les habitats transformés du monde occidental, l’eau est souvent la première denrée manquante. Elle est en fait souvent présente mais elle peut être polluée ou placée à un endroit dangereux, un récipient trop profond où les oiseaux ne peuvent pas prendre leur bain ou risquent de se noyer, etc. Mettre à disposition de l’eau claire, dans un récipient peu profond et accessible est souvent d’une aide bien plus précieuse pour les oiseaux que la nourriture. Il faut disposer la nourriture et l’eau de manière à que les chats domestiques ne puissent pas y accéder. Parmi les autres menaces artificielles sur les oiseaux, il y a les voitures, les baies vitrées, les fils électriques ou barbelés et les pesticides. Il faut évidemment éviter tous les pesticides et placer nourriture et eau de façon à ce que les oiseaux n’aient pas à traverser une route et se rapprocher des baies vitrées ou fils dangereux pour y accéder. En Europe et si c’est uniquement pour aider les oiseaux, il y a beaucoup de choses à faire. En encourageant les gens à stériliser leurs chats et éviter qu’ils ne sortent, à refuser les insecticides, à encourager la production végétale locale et bio, vous aiderez bien plus les oiseaux qu’en donnant de la nourriture. Dans votre propriété, planter de l’aubépine et du tournesol au lieu des saules pleureurs et des sapins. Cela aidera bien plus les oiseaux que quelques graines hivernales.

11. Jean-Marc Jancovici et Delpine Batho à Sciences-Po


Comme toujours, très intéressante première partie de présentation du réchauffement climatique par Jean-Marc Jancovici. Delphine Batho indique ensuite que rien n’est possible sans faire en amont le bon diagnostic ; mais malgré la quantité d’informations scientifiques accumulées depuis des décennies, c’est aujourd’hui une source de controverses, de batailles et de combat, alors même que l’urgence devient de plus en plus urgente… Du coup, il faut mettre à la poubelle le mot même de transition… Les seules choses qui restent à faire c’est, compte tenu de l’inertie du système, de prendre toutes les décisions nécessaires pour ralentir les émissions de GES (Gaz à Effet de Serre), les exploitations de la planète, notamment s’agissant des métaux, et l’extinction de masse des animaux (biodiversité) dans la décennie qui vient… Urgence absolue, exrême urgence absolue, on ne trouve même plus les mots qui conviennent (notamment dans les rapports du GIEC)… Il faut parler aussi d’un blocage et non plus des blocages (obsession de la croissance aussi bien dans les pays libéraux que dans les pays marxistes)… Ce blocage appelle un changement radical en faveur de la décroissance et en même temps vers plus de bonheur… Comment réconcilier le fait d’appuyer sur la pédale de frein et la position supposée des citoyens ?? Pour Delphine, les citoyens sont relativement conscients de la situation même s’ils sont sous-informés… Pour Jean-Marc, les ordres de grandeur ne sont pas suffisamment connus des citoyens… Delphine est pleinement d’accord avec Jean-Marc sur ce dernier point d’ailleurs comme sur tous les autres… Delphine indique que de toute façon, le niveau des mers va inéluctablement monter comme la banquise va inéluctablement disparaître, donc non seulement il faut appuyer fortement sur la pédale de frein, mais il faut aussi se préparer à protéger les populations de tous ces phénomènes (y compris les pénuries à venir dans l’alimentation comme dans sa distribution)…
Pour Delphine, l’éco-féminisme combat le patriarcat qui est contre la décroissance… A la question sur le nucléaire et les renouvelables, Delphine est pour la décroissance énergétique. Elle est d’abord pour la réduction de la consommation d’énergie, ensuite pour la diminution de la consommation d’énergies fossiles et dans un troisième temps une diminution de la production actuelle d’énergie nucléaire. Jean-Marc dit qu’il est d’accord sur tout avec ce que Delphine dit à quelques nuances près : ainsi s’il n’est pas d’accord pour le développement du nucléaire en soi, les chiffres sont têtus et il indique que le débat doit être pragmatique avec une considération sur les énergies pilotables… On est bien obligé de boucler le système avec des EPR, mais on s’arrête là et on met un paquet de milliards sur la conception de centrales nucléaires de 4ème génération (concernant la fusion, ndlr), en diminuant fortement nos consommations d’énergie comme le dit Delphine… Il est 100 % d’accord avec Delphine pour dire que le nucléaire, c’est un cache sexe des gens qui ne veulent pas entendre parler de baisse de la consommation d’énergie… C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les plus vieux, les plus sceptiques s’agissant du réchauffement climatique et aussi les plus à droite sur l’échiquier politique sont les pro-nucléaires… Jean-Marc ajoute que, s’agissant de l’empreinte carbone, il faut aussi regarder et suivre ce que nous consommons effectivement (et tout particulièrement ce qui est importé et donc produit ailleurs) et non pas seulement notre consommation nationale d’énergie qui est celle qu’on s’est engagée à réduire dans les accords de Paris… Notre empreinte carbone est alors beaucoup plus haute en termes de production de GES (gaz à effet de serre). On pourrait aussi y ajouter les GES induits par l’utilisation des avions que nous vendons à l’exportation… Delphine ajoute que l’empreinte carbone fait que si on veut réussir la transformation énergétique, il faut plus de justice entre les différents pays. Et il faut absolument désormais compter en « empreinte carbone ». Jean-Marc ajoute que la mondialisation c’est du pétrole, donc moins de pétrole, c’est moins de mondialisation… Delphine indique qu’il faut arrêter de penser qu’il faut s’aligner sur les autres pays et qu’il faut prendre des décisions pour avancer y compris avec l’UE. Selon Jean-Marc, l’UE est à la fois une formidable opportunité et un gigantesque obstacle…
Comment éduquer les politiques et les jeunes dans les écoles ? Selon Delphine et Jean-Marc, il faut répandre les données auprès de tous les publics par tous moyens (il faut multiplier les initiatives en prenant le temps de bien comprendre ce qui se passe et en s’engageant)… Suivent des applaudissements nourris de l’assistance…

12. Permaculture au potager : 115 kg de légumes sur 50 m2 dans un jardin familial !


Découvrez le potager en permaculture de Sébastien, où il produit plus de 115kg de légumes à l’année sur une petite surface d’environ 50 m2 en travaillant avec la nature et non contre elle. Sébastien a conçu son jardin en permaculture en concertation avec sa femme et leurs 4 enfants afin de créer un lieu vraiment adapté à leurs contextes et objectifs familiaux ! Une belle réussite et un exemple inspirant à suivre et à partager.

13. Alerte sur l’environnement du vivant


La série, “Lanceurs d’Alerte“, a été réalisée à l’occasion du “Salon du Livre et de l’alerte” qui a eu lieu le dernier weekend de novembre 2019 à la parole errante à Montreuil. Pour ce quatrième numéro, ont été rencontrés notamment Léna Lazare (Youth For Climate) Karim Ben Ali (Arcelor Mital), Delphine Batho, Maurice Pichon (Pollution de l’air en Savoie)…

14. Étienne Klein : “la pandémie nous montre qu’à la fin c’est la science qui gagne”


Le vaccin dit à ARN messager est une découverte déjà ancienne, mais absolument géniale. Il y a beaucoup de controverses dans cette phase de recherches, mais il ne faut pas confondre la science avec la recherche… Le doute a, de façon consubstantielle, à voir avec la recherche, pas avec la science !

15. Rencontre avec Emmanuel Cappellin, réalisateur du film « Une fois que tu sais »


Confronté à la réalité du changement climatique et à l’épuisement des ressources, le réalisateur Emmanuel Cappellin devient convaincu de l’imminence d’un effondrement de notre civilisation. Mais comment continuer à vivre avec l’idée que l’aventure humaine puisse échouer ? En quête de réponses, il part à la rencontre d’experts et de scientifiques tels que Pablo Servigne, Jean-Marc Jancovici ou Richard Heinberg. Tous appellent à une action collective et solidaire pour préparer une transition la plus humaine possible. Une odyssée qui touche à l’intime et transforme notre regard sur nous-même et sur le monde pour mieux construire l’avenir…

16. L’incroyable jardin-forêt de Karmaterre aux 1000 plantes et arbres


Bastian collectionne depuis 15 ans les plantes comestibles et arrive à plus de 1000 plantes, arbustes, arbres sur son terrain. Sa forêt comestible est un magnifique conservatoire ou les agrumes, les plantes lianes, les plantes locales et exotiques se côtoient sur 4000 m². Visite de Karmaterre, dans le Tarn, un jardin-forêt très avancé.

17. Biodiversité : vers une sixième extinction de masse ?


Bruno David, président du Muséum d’Histoire naturelle et auteur de “A l’aube de la sixième extinction.” répond à la question : l’Homme est-il en train de massacrer la planète et ses habitants ? Insectes, poissons, mammifères : partout sur terre le constat est le même, la faune et la flore disparaissent à un rythme effrayant. Pourtant on dépend du monde vivant…

18. Tout connaitre sur les abeilles, le miel et l’apiculture


Tout connaitre des abeilles, des ruches, du miel et de leur biotope grâce à Jeremy un apiculteur 100% bio à Puy-Saint-Vincent (Hautes-Alpes).

19. Intervention de Mundiya Kepanga, chef papou


Intervention d’environ une dizaine de minutes de Mundiya Kepanga au Musée de l’Homme dans le cadre de la conférence “Peuples autochtones face aux changements climatiques” organisée le 25 novembre 2015 à l’occasion de la COP21. Pour découvrir le film Frères des arbres : https://freresdesarbres.com

20. Conférence du célèbre botaniste Francis Hallé “L’arbre dans la ville” à Montferrier sur Lez


Plus de 170 personnes assistaient à cette conférence consacrée à l’arbre dans la ville. Beaucoup de considérations sur les arbres, particulièrement intéressantes… Ne pas les tailler, ça les fragilise… L’arbre a une mémoire, il est capable d’anticiper, il peut aider ses voisins, il reconnaît ses propres graines… Plus d’abattage qui ne soit fait dans la transparence vis-à-vis de la population… Il nous faut, nous, êtres humains, renouer avec le temps long des arbres…

21. Destruction de l’Amazonie : le chef Raoni poursuit Jair Bolsonaro devant la CPI


Raoni Metuktire, le célèbre cacique Kayapo âgé de 92 ans demande en janvier 2021 à la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter pour “crimes contre l’humanité” contre le président Jair Bolsonaro. Il accuse le chef d’État brésilien de persécuter les peuples autochtones en détruisant leur habitat et en bafouant leurs droits fondamentaux. Rencontre avec ce défenseur emblématique de la forêt amazonienne…

22. Compte-rendu de la réunion du 8 février 2022 au KRabo, à Rabodanges

Cet Apéro Philo a rassemblé une vingtaine de personnes sur le thème « Transition climatique : disparition ou régénération du vivant ? »

Emmanuel Becker introduit la séance en présentant à nouveau le principe de fonctionnement de l’apéro philo itinérant rappelé également en conclusion par Alain Aznar…

Gabriel Poisson commence, suivi par des interventions d’Emmanuel Becker, Alain Aznar, et de nombreux participants.

Ainsi il dit qu’on mesure peu à peu les conséquences du changement climatique.

Baptiste Morizot nous parle dans son ouvrage « Manières d’être vivant » de sa préoccupation pour les relations sociales inter-espèces. Le sujet gagne du terrain dans le paysage politique et associatif.

Sont questionnées les manières d’être vivant (vivant ou encore « qui est animé » vient du latin anima qui signifie “âme”. Un être vivant possède donc une âme ; mais le vivant ne peut être déconnecté de son milieu : il est à considérer par rapport à son environnement…) : abandonner les mythes ; dominer la nature pour rejeter notre rationalité dualisante, avec une pensée un peu décliniste qui propose un changement dans la manière de cohabiter avec le vivant.

Comment révolutionner le désir ? Retrouver la joie du vivant ? Qu’est-ce qui fait de nous des êtres morts-vivants ou au contraire vivants? Est-ce que l’on doit rejeter la raison occidentale ? Peut-on modifier le climat en modifiant notre relation au vivant ?

Morizot propose un changement plus culturel que politique : il propose d’adhérer à l’association ASPAS (association pour la protection des animaux suvages par rachat de terrain où laisser s’épanouir la vie sauvage). Cette association a été exclue du dialogue entre chasseurs et citoyens.

Cela dit, on n’a pas vraiment évolué depuis Hans Jonas, qui a développé “le principe de responsabilité”. La peur du changement climatique et du futur peut-elle inciter les hommes à repenser la société ? Nous apprenons l’heuristique de la peur, ou l’art d’inventer, de faire des découvertes.

Comment diriger la recherche, repenser la notion de progrès ? Nous vivons dans l’idée que la technique va nous extraire des contraintes de la nature. On pensait en être protégé, aujourd’hui c’est le contraire. Nous sommes plus que jamais vulnérables. En effet, le progrès aujourd’hui ce n’est pas que la technologie…

Beaucoup d’autres indicateurs que le PIB pourraient être pris en compte. Cela pourrait être aussi plus de bonheur… et non pas seulement plus d’argent etc…

On ne demande pas aujourd’hui aux élus d’être plus humains en votant pour eux. On n’est pas un empire dans l’empire… A quel titre nous serions supérieurs ? Nous oublions que nous sommes des animaux du vivant. On se rend compte aujourd’hui de la richesse des relations entre les vivants, qui peuvent communiquer entre eux de multiples manières ; il faut arrêter de nous comporter en prédateurs…

Ainsi, l’homme de Néandertal a vécu en harmonie avec le loup. Ils chassaient ensemble en complémentarité. Nous avons perdu le contact avec la faune sauvage. On a associé le loup à la bête. Ce rapport au loup est occidental et non pas mondial.

Qu’est-ce que le vivant ? Pourquoi considérer que l’animal n’a pas d’âme. Comment agirions-nous s’il n’existait pas ce rapport de domination ?

Quelle est la frontière entre l’animal et l’humain ? La culture ? Le rire ? Le langage ? Les outils ? Aujourd’hui on sait que ce ne sont pas des caractéristiques qui nous sont propres.

Aujourd’hui, on doit se reconnecter au vivant, pister l’animal, redevenir un animal…

La bible (qui a écrit ce livre ?) nous dit que l’homme est au-dessus de tout. C’est certainement à l’origine de cette pensée typiquement occidentale. On en a fait une vérité.

Pourtant selon Nietzsche, quel est l’intérêt de l’homme qui parle ? Prendre le pouvoir ?

Vivant et climat sont interconnectés. On sait que la reforestation et le réensauvagement seraient une solution au problème climatique. Aujourd’hui il n’y a pas de partage. Comment vivre ensemble ? Animaux comme humains…

Les indiens notamment d’Amazonie parqués dans les réserves ont un lien très fort, une sensibilité, une connaissance du monde sauvage. Ils ont la connaissance d’une vaste pharmacopée que nous avons perdus, nous occidentaux.

Pourtant l’universalisme n’est pas hostile aux autres cultures.

On a déjà déclaré par le passé que l’on savait tout. Aujourd’hui on se rend compte que l’on ne sait pas grand chose.

La démocratie est l’idéal à atteindre. La liberté s’arrête là où commence celle des autres… dont aussi celles du vivant.

Le film Animal développe le fait que c’est la baisse de la biodiversité qui provoque les zoonoses et autres pandémies…

Prion, Sras, Ebola, Sida, Covid… Depuis trente années nous observons + 400 % des foyers zoonotiques avec une origine à plus de 60 % dans le monde sauvage…

Plus le nombre d’espèces diminue, plus la propagation des maladies augmente (car les mutations ont de moins en moins de chances d’arriver dans une espèce « cul de sac »).

Alors que Yellowstone devenait quasi désertique, l’introduction d’un couple de loups a permis la transformation du paysage en 70 ans (« How wolves have changed rivers »). La population de cerfs qui se multipliait avec explosion des zoonoses a été fortement ralentit par la multiplication des loups…

Le vivant est un équilibre complexe. La pollution n’a pas de frontières. Qu’est ce qui fait obstacle à cette vie en lien avec les animaux ? On est en train de découvrir aussi que le minéral a une fonction dans le vivant. La terre est vivante du fait de son magma en fusion.

Pourtant on n’accepte pas la mort, on veut la réguler. On souhaite empêcher le prélèvement par la nature alors que des millions de personnes meurent du fait d’actes humains. Les animaux sont à peine dangereux que l’on cherche à les détruire (régulation par la chasse).

Jane Goodall a ainsi définit le sauvage : c’est un lieu où l’on peut être mangé ! On a perdu ce rapport à la mort…

Par où commencer ? Comment on fait pour partager les territoires ?

Là où il faut planter le plus d’arbres : dans la ville. Il y a à nouveau développement de la bio-diversité. Nous devons aussi consommer différemment, en sobriété, ne plus se considérer comme hors du vivant. Nous sommes 7 milliards à penser que notre mode de consommation n’a qu’un impact limité… Or c’est faux !

Comment ouvrir le cœur des gens : par l’éducation ? Réapprendre. Les “mauvaises herbes”, celles que l’on n’a pas choisies, représentent une pharmacopée perdue.

Les systèmes capitaliste et judéo-chrétien permettent d’émettre des brevets sur le vivant, ce qui est la quintessance de l’imbécilité.

L’écologie reprend de la place à l’école mais de manière marginale. Les enfants sont déconnectés de la nature, leurs réflexions le démontrent.

En tant que consommateur, je n’ai pas toujours le choix (exemple la voiture à la campagne). Il faut tout revoir pour briser les dépendances. Apprendre à faire le deuil, faire des choix. Nous allons être obligés de revenir à une écologie négative : les plus écolos sont les pauvres, mais peut-être ce sont également les plus résilients.

Le capitalisme comme les communismes russe et chinois ne fonctionnent pas. Et pourtant, est-ce qu’il ne faut pas suivre des utopies ? Est-ce que le productivisme n’est pas à l’origine de tous nos malheurs… Quel est le nouveau récit à produire ?

Le respect du vivant est extrêmement important… Tout comme la transmission aux enfants.

Il nous reste quelques années pour garder une vie relativement confortable. Est-ce que l’on a le temps de changer ? Pas sûr. On prévoit une élévation du niveau de la mer, laquelle va arriver jusqu’à Clécy rapidement (ce n‘est pas pour nos petits enfants, mais pour nous)…

Manger de la viande ? Quelques chiffres : élevage = 1/4 du carbone rejeté ; 1 kg de viande = 12 m3 d’eau. 1 couple consomme à travers les 85 kgs de viande par personne par an, 1 700 m3 d’eau/an. 60 % de la biodiversité sont les hommes, les animaux d’élevage et les animaux domestiques. 37 % de la pêche sert à nourrir les poissons d’élevage (sur 1250 milliards de poissons pêchés par an en 2021). La flotte de pêche mondiale émet autant de CO2 que la flotte aéronautique mondiale.

Sans compter le bien–être animal non respecté dans 80 % des cas contrairement aux prescriptions des codes rural et maritime…

Le végétarisme : anecdotique car on ne peut pas toucher tout le monde ? Pourtant le végétarisme pourrait avoir un impact considérable sur la production agricole et l’émission de gaz à effet de serre…

Il y a aussi le gaspillage alimentaire : trop de production pour satisfaire la demande. Des productions peuvent être changées pour avoir de moindres impacts sur le changement climatique…

Nous sommes toujours en guerre quelque part dans le monde entier. Pourtant la proportion de gens en paix par rapport au nombre que nous sommes, n’a jamais été aussi élevée. D’un autre côté, la consommation d’antidépresseurs n’a jamais été aussi élevée non plus. Les médias nous montrent les problèmes, c’est vendeur, mais pas les solutions. On vit dans la peur…

On réfléchit à titre individuel, mais c’est oublier que les batailles peuvent changer les choses au niveau collectif.

Des jardins ouvriers viennent d’être rasés à Paris en préparation des JO. Le gaz de schiste, la télé-réalité, les courses automobiles, le monde qui ne nous intéresse pas existe. Comment on fait pour le faire évoluer ?

Les “grands”, les 1 % de gens qui décident de tout, ont le pouvoir. Comment se faire entendre des politiques à l’échelon local ? Utiliser les mêmes outils qu’eux ? Faire du lobbying ? Mettre la pression ? Les petits gestes des colibris isolés ne suffiront pas pour inverser la tendance… Nous devons montrer que l’on existe, faire du collectif, recenser toutes les initiatives pour les présenter aux élus, leur montrer le poids de la majorité, de ceux qui parlent le moins fort aujourd’hui.

La majorité s’en fout ? Sur 100 personnes, il en suffit de 15 pour changer le comportement du groupe.

La « fresque du climat » est une animation ludique qui présente l’état de la connaissance actuelle apportée par les rapports du GIEC et permet une prise de conscience car les joueurs sont acteurs et doivent conceptualiser / imbriquer / comprendre les causes et les effets.

Elle est notamment développée chez Saint Gobain. 1000 personnes ayant déjà “fresqué” sur 2000 en France. Avec 180 000 employés, la multinationale a le PIB d’un petit pays, elle a pris en particulier l’engagement d’être à neutralité carbone d’ici 2050 sur les 3 scopes carbone (scope 1 : émissions directes de GES liées à la fabrication du produit ; scope 2 : émissions indirectes liées à la fabrication du produit (par exemple chauffage de l’usine, etc…) ; scope 3 : toutes les autres émissions indirectes liées au cycle de vie du produit (approvisionnement, transport, utiliation, fin de vie…)).

Selon Franck, Saint Gobain a une réflexion sur l’analyse du cycle de vie de ses produits ; elle travaille par exemple sur le biosourcé comme l’isocoton. Elle ne fait pas de greenwashing mais communique et travaille surtout en interne aujourd’hui.

Alain dit que c’est mieux de le faire rapidement plutôt que d’attendre 2050 !

Jean-Pierre évoque Konrad Schreiber, Claude et Lydia Bourguignon, lesquels nous expliquent ce qu’était le croissant fertile en Mésopotamie, la forêt, le couvert du sol et ce qu’il se passe quand il n’y a plus rien dessus : les terres les plus fertiles disparaissent avec l’eau du fait du ruissellement…

Il ajoute « quand on voit des flaques d’eau dans les champs, on peut se poser la question quand est-ce que les verts de terre vont disparaître ? »

Quelques publications à lire et à partager :

• « L’animal et la mort “chasses, modernité et crise du sauvage” » de Charles Stépanoff La modernité a divisé les animaux entre ceux qui sont dignes d’être protégés et aimés et ceux qui servent de matière première à l’industrie. Comment comprendre cette étrange partition entre amour protecteur et exploitation intensive ? Parce qu’elle précède cette alternative et continue de la troubler, la chasse offre un point d’observation, exceptionnel pour interroger nos rapports contradictoires au vivant en pleine crise écologique. Explorant les cosmologies populaires anciennes et les rituels néosauvages honorant le gibier, l’anthropologue fait apparaître la figure du « prédateur empathique » et les rapports paradoxaux entre chasse, protection et compassion. Dans une approche comparative de grande ampleur, il convoque préhistoire, histoire, philosophie et ethnologie des peuples chasseurs et dévoile les origines sauvages de la souveraineté politique. Au fil d’une riche traversée, cet ouvrage éclaire d’un jour nouveau les fondements anthropologiques et écologiques de la violence exercée sur le vivant.

• Baptiste Morizot « Manières d’être vivant » aux Editions Actes Sud déjà évoqué ci-dessus… Imaginez cette fable : une espèce fait sécession. Elle déclare que les dix millions d’autres espèces de la Terre, ses parentes, sont de la “nature”. À savoir : non pas des êtres mais des choses, non pas des acteurs mais le décor, des ressources à portée de main. Une espèce d’un côté, dix millions de l’autre, et pourtant une seule famille, un seul monde. Cette fiction est notre héritage. Sa violence a contribué aux bouleversements écologiques. C’est pourquoi nous avons une bataille culturelle à mener quant à l’importance à restituer au vivant…

• Aldo Leopold (américain mort en 1948) : Almanach d’un comté des sables publié à titre posthume en 1949, et réédité aux éditions Flammarion, l’un des textes fondateurs de l’écologie, à l’égal de « Walden » ou « La vie dans les bois » publié en 1854 par l’écrivain américain Henry David Thoreau (1817-1862).

• Voir également les journaux “La gueule ouverte” (La Gueule ouverte, « le journal qui annonce la fin du monde », était un journal écologiste et politique fondé, en novembre 1972, par Pierre Fournier, pacifiste convaincu et journaliste à Charlie Hebdo.) et “Le sauvage” (L’écologie politique est le produit d’une histoire. Ses fondamentaux viennent de l’agitation politique et culturelle des années 1970. La presse écologiste a joué un rôle essentiel pour la faire émerger et l’installer dans le paysage français. Le Sauvage, de 1973 à 1980, fut le plus lu de ces périodiques).

Emmanuel suggère qu’une prochaine réunion de l’Apéro Philo se tienne lors de la semaine de l’environnement au Hom…

Alain rappelle l’existence du site de l’Apéro Philo et convie les participants à aller le voir (https://apero-philo-suisse-normande.github.io/). Il représente une source de très nombreuses informations…

La séance est levée vers 21 h 35 sous les applaudissements et remerciements des participants. Elle est suivie d’un apéro.